De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari La Belgique double les effectifs de la Réserve fédérale d'intervention (équivalent des forces combinées algériennes de feu Mohamed Lamari), ordonne à la frégate Léopold 1er de rejoindre le porte-avions français, le Charle-de-Gaulle, dans les eaux syriennes de la Méditerranée, relève le risque terroriste à son niveau le plus élevé et met en conclaves réguliers le ministre de l'Intérieur avec les bourgmestres (maires en France). Ce n'est pas tout ! L'Organe de coordination pour l'analyse de la menace (OCAM) est tenu d'instruire en temps réel les exécutifs communaux et les forces de sécurité. Le dispositif mis en branle par le royaume de Philippe et de la jolie Mathilde ressemble, étrangement, à celui décidé par les généraux Khaled Nezzar et Mohamed Lamari dans les années 90 en Algérie. Le discours politique accompagne ces mesures exceptionnelles, emprunte beaucoup, aussi, à l'Algérie des années de résistance. Les termes «éradication», «l'Etat ne reculera pas devant des bandes terroristes et criminelles», «nous vaincrons parce que nous sommes la Belgique» ne sont plus tabous. En 1992, Nezzar avait dit : «Nous sommes l'Algérie, nous n'avons pas peur d'eux (...) nous ne reculerons pas.» Etrangement, pas de trace du «qui-tue-qui ?», ici, ni d'analyses «expertes» impliquant les renseignements ou l'armée de Belgique dans l'affaire Molenbeek, cette petite municipalité bruxelloise d'où est parti le commando qui a incendié Paris le vendredi 13/2015. Rien. Les journalistes, spécialistes et hommes politiques qui ont, des décennies durant, nié la barbarie des FIS, GIA, AIS, incriminant toujours, tout le temps, avec une régularité de métronome, l'ANP et le DRS algériens, se taisent, se terrent même. Ils sont aux abonnés absents : téléphones coupés, pas de réponse aux nombreux emails qui leur sont envoyés. Ils font le dos rond. Ils sont perdus. Abasourdis et leur fonctionnement intellectuel n'a plus la force opératoire qu'il pouvait avoir contre l'Algérie. Leurs acolytes algériens, nombreux à Bruxelles et dans toute l'Europe, regardent, maintenant, ailleurs, livrent d'autres combats aussi douteux que celui du criminel «qui-tue-qui ?», en définitive cela voulait dire «le FIS, le GIA et l'AIS ne tuent pas». Molenbeek est l'équivalent de Raïs et Paris s'est transformée en Bentalha sans que personne ose émettre le moindre soupçon, la moindre critique ni le moindre doute sur la responsabilité ou les failles, nombreuses en l'occurrence, des renseignements français et belge. Les quituquistes savent ce qu'il leur en coûterait si d'aventure ils venaient à mettre en cause les armées du royaume de Belgique ou de la République française. Daesh est le prolongement pratique du FIS, les tueurs du Bataclan, du Petit-Cambodge ou de la Belle Equipe, sont les frères d'armes et d'horreur de ceux qui ont «flingué» Belkhenchir, révolvérisé Tahar Djaout, Djilali Liabès ou Farah Ziane. Ceux-là mêmes qui ont incendié des usines à Rouiba, failli exécuter Hachemi et Ratiba Chérif, tendu un guet-apens à Radia Mokhtari, brûlé vives de belles et flamboyantes jeunes filles à Mostaganem, Constantine, Oran, Tizi-Ouzou, assassiné de jeunes militaires à El-Oued, appelé à faire sortir de leurs demeures les femmes divorcées, brûlé des écoles, massacré des voyageurs, établi une liste de penseurs, philosophes, scientifiques, hommes de lettres, responsables d'entreprises puliques à éliminer dont Rachid Boudjedra, Khalida Toumi, Toufik Ould-Metidji, Abdelkader Alloula, Sid-Ahmed Agoumi, Guenzet, le Pr Boucebci, Mohamed Abderrahmani, Ferhat Cherkit, Nadir Mahmoudi, déposé une bombe au Soir d'Algérie et une autre dans la Maison de la Presse, pactisé avec l'Arabie Saoudite et le Maroc contre la patrie-mère de Ben M'hidi, de Abane Ramdane et de Djilali Guerroudj, de Djamila Bouhired, de Hassiba Ben Bouali et de Zohra et Rabah Bitat... L'humanité, la grande humanité, la seule humanité s'incline devant les victimes du vendredi noir à Paris. La guerre contre Daesh est une exigence. Bruxelles, hier, avait les allures d'Alger après l'arrêt du processus non-électoral. Ninjas, robocops, mitrailleuses et kalachnikovs de militaires dans les métros, policiers en bleu de travail, l'arme prête à dégainer dans les principales artères de la ville accompagnent du regard les passants. Dans une atmosphère pesante. Grave. Molenbeek, municipalité maudite à cause de commandos tueurs, continue d'être assaillie par les journalistes, les espions, les experts et les spécialistes du monde entier. Françoise Schepmans, la bourgmestre, a, courageusement, interdit une manifestation d'extrême-droite dans la commune. Eric Zemmour, porteur de haine devant l'Eternel, propose que l'on bombarde plutôt que Raqaâ (état-major présumé de Daesh en Syrie) «Molenbeek»...