De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Novembre à Bruxelles. C'est parti ! Et c'est jusqu'au 6 janvier 2015. Le palais des Beaux-Arts, avant-hier, avec la troupe andalouse montée pour un spécial «Bruxelles» par Nadjib Kateb, La Bataille d'Alger lundi 15 décembre, Abdelkader, mardi 16 décembre aux studios Flagey, les Hors-la-loi, jeudi 18 décembre à la Cinémathèque royale, la capitale européenne célèbre dans la durée et avec un programme riche, varié et intelligent le 60e anniversaire du 1er Novembre 1954. Cet intéressement à la guerre d'indépendance de l'Algérie n'est ni nouveau, ni fortuit en Belgique. Ici sont passés, ont été hébergés plusieurs chefs historiques du FLN. Boudiaf, Ali Haroun, O. Boudaoud. Des nationalistes de la première heure dont le chef charismatique du PPA, Messali Hadj, ont toujours trouvé refuge au royaume de Belgique. Kateb Yacine s'était exilé et promené dans plusieurs villes belges avant que des éditeurs et des salles de spectacle accueillent Nedjma, L'homme aux sandales de caoutchouc, ou le Cadavre encerclé. Dès le déclenchement de la lutte armée en Algérie, de hauts responsables de la Fédération de France du FLN, traqués par la police française s'échappent vers Bruxelles. Le générique fédération de France du FLN au plan historique englobe aussi la Belgique. Les Belges, avocats, intellectuels, militants de partis pro-indépendance algérienne, de larges courants de la société ont donné un sérieux coup de main au FLN historique. Parmi eux, le célèbre et prestigieux Serge Moureaux, l'un des maîtres du barreau de Bruxelles. Dans un documentaire sourcé, travaillé et très bien réalisé, Le Front du Nord, produit par la Télévision francophone (RTBF) rend un vibrant hommage à ces braves, ces justes, ces humanistes, ces empêcheurs de coloniser au sud. Dans ce registre, il faut mentionner, comment peut-on l'omettre, Guy Cudell, ex-bourgmestre de Saint-Josse, équivalent de maire en France, celui qui offrait le gîte et le couvert aux nationalistes algériens. Vrais-faux documents, demande de statut de réfugié politique en attendant mieux, paiement des frais de justice, collecte d'argent, actions de solidarité effectives et régulières, Guy Cudell, aujourd'hui disparu, mériterait tant de l'Algérie indépendante ! Avant-hier donc au palais des Beaux-Arts, le «Bozar» pour les Bruxellois, véritable monument vivant de prestige dédié aux arts et aux cultures, l'orchestre andalou, sous la direction de Nadjib Kateb, a enchanté le public multi-racial, multi-culturel et nombreux. Nadjib Kateb en maître de ce genre musical a voulu, c'est un choix heureux, présenter dans une même soirée, trois grandes écoles classiques algériennes (Alger, Constantine, Tlemcen). Le choix fut heureux d'autant que la prestation de l'orchestre était professionnelle, de grande qualité. La gharnati, le sanaâ et le malouf ont trouvé à Bruxelles jeudi dernier un auditoire preneur et satisfait. L'ovation réservée à Nadjib Kateb et à ses musiciens était, évidemment, méritée. Le programme «60e anniversaire de Novembre» s'étalera jusqu'au 6 janvier 2015. L'ambassadeur d'Algérie en Belgique et au Luxembourg soutient, activement, ce cycle. Amar Belaïni fait bien d'ouvrir le Front du Nord.