Rompant avec le discours ambiant faisant croire par le passé à une remise sur les rails du train de développement dans la wilaya, le wali de Béjaïa, Ouled Salah Zitouni, a reconnu la situation économique alarmante dans laquelle se trouve cette région de la Basse Kabylie. «La wilaya de Béjaïa est sous-développée; elle souffre en matière de développement , elle est classée dernière à l'échelle nationale ; le taux de pénétration en gaz de ville est à peine de 29% à Béjaïa qui se trouve aussi à la dernière place, les différents projets inscrits au profit de la région depuis des années tardent à se réaliser», tel est le triste constat établi par le wali de Béjaïa au lendemain de ses visites à travers l'ensemble des communes de la wilaya. Le wali qui compte ainsi donner un coup de pied dans la fourmilière pour tenter de relancer cette machine de développement «grippée», selon ses propres termes, s'est réuni jeudi avec des investisseurs implantés dans la région. La rencontre, la troisième observée en l'espace d'une semaine après celle ayant réuni les investisseurs dans le domaine du tourisme et les entrepreneurs, vise à rapprocher l'administration des opérateurs pour une prise en charge rapide de leurs préoccupations liées entre autres à des obstacles bureaucratiques et l'octroi d'assiettes foncières. «Le problème du foncier ne se pose pas à Béjaïa. Des difficultés bureaucratiques existent, certes, mais des instructions sont données pour y mettre un terme. Deux plateformes industrielles sont créées à El Kseur et Béni Mansour, des mesures sont prises pour leur aménagement rapidement. Ceux qui veulent réellement investir avec sincérité dans la région sont les bienvenus. On fera tout pour mettre à leur disposition toutes les conditions. Mais ceux qui ont obtenu des assiettes de terrain depuis des années doivent se conformer au cahier des charges pour entamer le travail. Dans le cas contraire, la concession sera annulée et sera réattribuée pour son exploitation rapidement», note d'emblée le wali dans son intervention avant de réitérer «son entière disponibilité à lever les obstacles auxquels font face les opérateurs». Si l'initiative du wali est qualifiée de «généreuse», il n'en demeure pas moins que l'amère réalité du terrain que vivent nombre d'investisseurs ne semble pas prêter à l'optimisme. «Dans certains pays, l'offre du foncier industriel est excédentaire à la demande. Ce sont des hangars entiers qui sont mis à la disposition des investisseurs qui n'ont qu'à installer leurs machines et se mettre au travail», a souligné un cadre d'une entreprise privée d'Akbou . Ce dernier révèle que les entreprises payent près de 800 millions de centimes de TAP, pourtant, regrette-t-il, aucun aménagement n'est apporté dans leur zone d'activité. A titre d'exemple, notre interlocuteur note que sur une cinquantaine d'entreprises, deux unités sont uniquement raccordées au gaz naturel dans la zone d'Akbou se trouvant dans un état lamentable dépourvu de route, d'éclairage public sans parler du réseau téléphonique et internet qui connaît de fréquentes perturbations . «Avec ces 800 millions déboursés mensuellement depuis des années, on aurait réalisé les meilleurs aménagements au monde depuis belle lurette déjà», ironise le même cadre d'Akbou.