Si les différentes pathologies cancéreuses surviennent pour des raisons multifactorielles, mettant en cause la génétique, le mode de vie et l'activité professionnelle, un pourcentage important de ces lésions est lié à l'environnement et à l'activité professionnelle. Le sujet a été abordé, mercredi dernier, à l'occasion de la 21e journée médico-chirurgicale du CHU de Tizi-Ouzou. Les cancers broncho-pulmonaires et l'exposition professionnelle est le thème de la communication de Z. Hassina, maître assistante au CHU de Tizi-Ouzou et exerçant au service de médecine du travail du même établissement s'est intéressée à la relation causale entre les pathologies cancéreuses localisées au niveau de l'appareil broncho-pulmonaire et l'exposition professionnelle. Sur les 45 000 lésions cancéreuses de différentes localisations du corps recensées annuellement en Algérie, un pourcentage important pourrait être attribué au cancer broncho-pulmonaire d'origine professionnelle (risques professionnels). A l'échelle mondiale,19% de tous les cancers peuvent être attribués à l'environnement et au milieu professionnel, rapporte l'auteur de la présentation qui se réfère aux chiffes du (CIRC), Centre international de recherche sur le cancer. 70% des cancers dus à l'influence du milieu professionnel sont des cancers broncho-pulmonaires, selon la même source citée par l'exposé de Z. Hassina qui indiquera que le phénomène de l'exposition aux agents cancérogènes en milieu du travail est sous-estimé en Algérie, mettant en cause plusieurs facteurs : le manque de suivi médical des travailleurs en milieu professionnel, et, conséquemment, le retard dans le diagnostic de ces lésions qui se caractérisent par un long processus de latence et de formation. «Du fait du long temps de latence nécessaire à l'apparition d'un cancer qui met 10 ans et jusqu'à 40 ans, en général, pour apparaître, les cancers professionnels sont souvent diagnostiqués longtemps après la cessation de l'activité professionnelle», dira l'intervenante qui souligne «le manque de sensibilisation des médecins traitants qui n'interrogent pas les patients sur leurs antécédents professionnels et la méconnaissance des nuisances auxquelles les patients ont pu être exposés durant leur vie professionnelle», dira l'auteur de la communication qui a insisté, en conclusion de son intervention, sur la prise de conscience de cette réalité et la reconnaissance des cancers professionnels basée sur un suivi médical efficace et continu des travailleurs exposés aux agents cancérogènes pour prévenir et élaborer des diagnostics potentiels. «Une meilleure reconnaissance des cancers professionnels permettra de mettre en place une politique plus efficace de prévention des expositions professionnelles», estimera-t-elle, enfin.