Abdelaziz Bouteflika accélère la cadence ! Après une première réunion spéciale restreinte consacrée «à l'examen de l'avant-projet de révision de la Constitution», qu'il a présidée lundi dernier, il convoque une seconde réunion similaire pour demain jeudi dans ses bureaux particuliers à Zeralda, apprenons-nous de source sûre. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Comme pour la réunion de lundi dernier, prendront part à ce conseil spécial «le Premier ministre Abdelmalek Sellal, le ministre d'Etat, directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, le ministre d'Etat conseiller spécial auprès de monsieur le président de la République, Tayeb Belaïz, le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire Ahmed Gaïd Salah, le ministre de la Justice garde des Sceaux, Tayeb Louh, et Boualem Bessaïeh , conseiller auprès de monsieur le président de la République», pour reprendre le communiqué de la présidence du lundi 14 décembre. L'ordre protocolaire est bien sûr important et, à ce titre, il y a lieu par exemple de noter que Tayeb Belaïz passe avant Gaïd Salah ! La présidence qui n'avait pas médiatisé les précédentes rencontres similaires consacrées à cette même révision de la Constitution, et elles sont nombreuses, ne cite pas le président du Conseil constitutionnel Mourad Medelci. Ce dernier est, pourtant, directement impliqué dans ce dossier depuis le début octobre dernier. Après le départ du général Toufik, Bouteflika, pour rappel, et comme nous l'annoncions début octobre, avait recomposé la commission spéciale chargée de la révision constitutionnelle. Celle-ci était, initialement, composée de quatre membres. A savoir Abdelmalek Sellal, Ahmed Ouyahia, Boualem Bessaïeh et l'ex-patron des services, le général Toufik. Ce n'est que début octobre que Bouteflika intégrera, dans cette commission, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, tout en prenant le soin d'y adjoindre trois «proches parmi les proches», à savoir Tayeb Bélaïz, Tayeb Louh et Mourad Medelci. Curieusement, ce dernier n'y figure plus et le groupe des sept devient le groupe des six. Autre fait remarquable, le successeur du général Toufik, à savoir le général-major Athmane Tartag dit Bachir n'est pas associé à ce travail. Pour la deuxième fois (la rencontre de lundi dernier ndlr), le DRS n'est pas associé à ces réunions au sommet ès qualités et l'armée, dans son ensemble, n'est plus représentée que par le seul chef d'état-major et vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah. Comme rien ne se fait au hasard à ce niveau-là de la hiérarchie étatique, il s'agit bel et bien d'un message clair ! Abdelaziz Bouteflika, qui avait publiquement annoncé pour « prochainement» cette révision de la Constitution dans sa lettre à la nation à l'occasion de la fête nationale du 1er Novembre, affirmait, en même temps, que le projet de la révision, la mouture finale, était prêt. Pourquoi alors ces nouvelles réunions restreintes ? Il y a d'abord ce souci d'examiner la faisabilité de pousser le processus jusqu'au référendum. Selon notre source, Bouteflika ne serait pas vraiment très « emballé » par cette voie référendaire. Il craint, plus que tout, un très fort taux d'abstention. D'où ses hésitations à ce sujet. «Contrairement aux référendums de 1999 et de 2005, il ne pourra pas s'impliquer personnellement dans la campagne électorale, seul moyen susceptible de mobiliser un tant soit peu l'électorat». Ceci d'un côté. De l'autre, l'arrivée de Gaïd Salah peut également expliquer ces nouvelles réunions de « finalisation». Longtemps laissé à l'écart de ce dossier, le chef d'état-major n'a en effet jamais admis que son farouche adversaire, le général Toufik, représente l'armée sur un sujet aussi crucial, et pas lui. Il a certainement envie d'y apporter sa touche personnelle tout en «effaçant» l'empreinte de l'ex-patron du DRS. Un point sur lequel il converge au moins avec Bouteflika...