Pour le ministre des Finances en visite de travail hier à Oran, il est prématuré de parler de loi de finances complémentaire malgré la dernière chute du prix du pétrole, «il faudrait d'abord entamer la loi de finances de 2016 puisqu'elle vient tout juste de passer, ensuite on verra», dit-il. Le ministre reconnaît que 2016 est l'une des plus difficiles, mais dit-il «nous parviendrons à dépasser cette période ayant les moyens nécessaires pour trouver des alternatives». Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - C'est lors d'une journée d'information régionale sur la loi de finances 2016, organisée par le Conseil national de la fiscalité qui a eu lieu à l'hôtel Sheraton, que Abderrahmane Benkhelfa, ministre des Finances, dira que ces derniers mois il y a eu un fait inattendu avec la chute du prix du pétrole. «Je ne vous le cache pas, cela nous amène à connaître un moment difficile car les hypothèses sur lesquelles nous avons travaillé n'avaient pas prévu cela. D'un point de vue "pétrolier" pour cette année ce sera délicat mais économiquement c'est prometteur. » Abordant la loi de finances de 2016, le ministre évoquera les axes principaux sur lesquels il faudra travailler à savoir qu'il faut que les ressources non pétrolières remplacent les ressources pétrolières. «Toutefois il ne faut pas que la pression fiscale augmente, il faut que les taux restent les mêmes sur le plan de la fiscalité. » Le ministre estime que les importations forfaitaires uniques (IFU) n'ont pas produit ce qui était souhaité. «Il s'agit d'une porte d'inclusion économique, l'IFU doit devenir un élément de la fiscalité de demain.» Plus loin le ministre a insisté sur l'ajustement des tarifs qui ne doit pas peser uniquement sur les revenus fixes, et de dire «il faut aussi que les gens qui ont des revenus variables prennent une partie. Ces augmentations dans les tarifications c'est pour rapprocher le coût de la production au coût de la consommation. La répercussion sur les prix ne doit pas être automatique». Toutefois le ministre des Finances a tenu à préciser que tout ce qui concerne la politique sociale, la politique des transferts sociaux, en somme les secteurs prioritaires, tout cela est dans une loi des finances, et de rappeler que les seuls changements de tarifs ont concerné les carburants, l'électricité et le gaz. Le ministre parlera de bancarisation des ressources, il faut à un moment ou à un autre que le secteur de l'informel et le secteur formel se rejoignent par des moyens économiques. «Il faut travailler dans l'intégration. Il s'agit là d'une forme de réconciliation économique, une alliance pour la croissance ». A partir d'Oran, Abderrahmane Benkhelfa appellera les commerçants qui n'ont pas de compte bancaire à avoir confiance et venir déposer leur argent dans les banques. C'est plus sûr pour eux, dit-il et de rassurer «ils pourront utiliser leur argent comme bon leur semble». A la question de connaître la provenance justement de ces sommes qui échappent au contrôle de l'Etat, le ministre dira que chacun est responsable face à sa conscience. En visite inopinée à la banque CPA, le ministre a été interpellé par un retraité qui l'interrogea sur le bilan de son ministère concernant les revenus des impôts, «qu'a fait votre ministère pour prélever les impôts sur les fortunes algériennes, alors que moi qui suis un retraité on me prélève près de 30% ?!». Le ministre aura cette réponse «le système fiscal algérien s'équilibre annuellement, les Algériens payent de mieux en mieux l'impôt mais il faut qu'ils payent encore». Ce qui n'a pas répondu à la question de ce retraité.