Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Il se félicite que le projet de loi de finances 2016 n'ait pas prévu de nouveaux impôts Benkhalfa annonce un allègement progressif de la pression fiscale sur les entreprises
En réponse aux inquiétudes des citoyens de voir les commerçants répercuter les augmentations des carburants et l'électricité, prévues dans le projet de loi de finances 2016, sur les prix des produits à la vente, le ministre des Finances a fait savoir que si les prix augmentent, cela sera par l'effet de la spéculation plutôt que par l'effet des augmentations. Younès Djama - Alger (Le Soir) - «Les commerçants doivent partager ces augmentations avec nous. Il y a une répartition des réajustements entre l'Etat et les commerçants», a indiqué Abderrahmane Benkhalfa, invité hier du forum économique d'El Moudjahid, tout en faisant observer que les augmentations ne toucheront pas une proportion de 10 millions de personnes selon les estimations du ministre. Il rappelle, en ce sens, que l'Etat cherche des mécanismes en vue d'aider les petits métiers et les agriculteurs à supporter les augmentations. L'ajustement des prix (des carburants, l'électricité et gaz) se veut un moyen de «lutter contre le gaspillage, la surconsommation et la contrebande», a expliqué le ministre des Finances. «Il faut rouler un peu moins, prendre à plusieurs la voiture, rationaliser l'usage des carburants car nous sommes le seul pays où il y a 5 voitures pour 5 membres d'une famille», a indiqué Benkhalfa pour qui les réajustements des prix sont «aussi un moyen d'atténuer les engagements de l'Etat» vis-à-vis des grandes entreprises. Et à ce titre, le ministre affirme qu'une partie des tarifs que les citoyens vont payer ira aux impôts tandis que l'autre partie ira directement en guise d'aide aux entreprises publiques. «Le tarif que paie le citoyen prend en compte en bout de chaîne ce que prend l'Etat (impôt) et ce que prennent les entreprises», selon Benkhalfa qui ne précise pas dans quelle proportion. Pour Benkhalfa, qui se félicite que le projet de loi de finances 2016 n'ait pas prévu de nouveaux impôts et taux d'imposition, ce qui est rare, dit-il, en ces temps de crise, la priorité est donnée en 2016 à l'élargissement de l'assiette fiscale et à l'allègement progressif de la pression fiscale pesant sur les entreprises. «Nous allons stabiliser de plus en plus le régime fiscal appliqué aux entreprises comme outil d'attractivité de l'économie nationale et de consolidation des entreprises investissant en Algérie», a promis Benkhalfa. «La conformité fiscale n'a pas été introduite parce que nous manquons de ressources, ce n'est pas un besoin financier mais un moyen de diminuer le gap qui existe entre le formel et le secteur informel. Demain, on ne doit pas avoir deux économies mais une seule économie qui soit progressive», a-t-il énoncé. Revenant sur l'article 66 du PLF2016 relatif à l'ouverture de capital des entreprises publiques à hauteur de 66% en faveur de l'investisseur résident national, le ministre des Finances a estimé que cette disposition, que les partis de l'opposition assimilent à un bradage des entreprises publiques, visait au contraire à assurer la pérennité de celles-ci en consolidant dans le giron de l'Etat 34% du capital pour une durée de 5 ans. Le représentant du gouvernement assure néanmoins que les entreprises stratégiques ne sont pas concernées par la privatisation, cela même si la disposition contenue dans le PLF2016 ne fait aucune mention du caractère stratégique de ces entités. Pressé de donner une liste exhaustive du type d'entreprises dites stratégiques, Benkhalfa s'est montré évasif en estimant juste que chaque entreprise dispose dans ses statuts de cette mention. Des voix notamment au sein de l'opposition s'inquiètent que l'ouverture de capital des entreprises publiques ne profite qu'à une certaine catégorie d'hommes d'affaires intéressés uniquement par le patrimoine de celles-ci. Ainsi, des partis à l'instar du Parti des travailleurs (PT) n'hésitent pas à mettre en garde contre les appétits démesurés d'hommes d'affaires à l'exemple d'un Ali Haddad à ses yeux bien trop entreprenant. A ceux-ci Benkhalfa a eu cette réponse : à savoir que la propension fâcheuse «qui veut que l'on se focalise sur un seul investisseur doit être bannie». «Nous avons plus de 800 000 entreprises sans parler de celles qui sont en instance. Au gouvernement, nous ne faisons pas de distinction entre les investisseurs nationaux», assure-t-il. Pour l'officiel, l'article 66 offre «une nouvelle vision des entreprises nationales», tout en assurant que l'ouverture de capital ne constituait pas un danger pour les entreprises publiques qui, selon Benkhalfa, ne doivent plus fonctionner sur le seul budget de l'Etat. S'agissant, par ailleurs, de la dépréciation de la monnaie nationale, Benkhalfa estime que «ce n'est pas le dinar qui s'est déprécié mais c'est le dollar qui s'est fortement renchéri», appelant les Algériens à «avoir plus confiance » en leur monnaie. «Le dinar ne doit pas être bradé», fait remarquer Benkhalfa. A propos des objectifs que s'est fixés le gouvernement pour l'année 2016, Abderrahmane Benkhalfa note qu'un des buts recherchés consiste en la substitution progressive des recettes ordinaires aux recettes pétrolières. Et à ce titre, le ministre a mentionné que les recettes pétrolières attendues pour 2016 s'élèveraient à plus de 1 860 milliards de DA alors que les recettes ordinaires, elles, bondiront à plus de 3 000 milliards de DA. Il a lancé un appel à l'adresse des citoyens afin de payer leurs impôts, tout en se félicitant que l'Etat ait pu augmenter ses ressources de 12% à travers l'impôt, même s'il reconnaît que des efforts restent à faire en la matière.