"Tu es venu pour le p�trole qui nous empoisonne la vie ? Viens mon fils, approche, tu vas voir de tes propres yeux." C'est en ces termes que nous avons �t� accueilli ce dimanche � Douba, localit� situ�e dans la commune d'Ahnif, � 35 km � l'est de Bouira, par un vieillard qui gardait ses moutons et qui nous a montr� imm�diatement dans la paume de sa main les traces du p�trole contenu dans l'eau de l'oued en nous invitant � les humer pour mieux sentir l'odeur de cet hydrocarbure � l'�tat brut. "Tu vois, ajoutera-t-il, cela dure depuis plusieurs mois et personne n'a daign� y rem�dier. Nos sources et puits sont pollu�es. Nous ne les utilisons m�me pas pour nos cultures. Nous sommes perdus." En effet, ce sont les riverains qui nous signal�rent des fuites de p�trole depuis le pipeline B�ni Mansour-Dellys, au pied d'un ravin o� coule un cours d'eau appel� "Thassift n'Sebkha". Ce dimanche, lors de notre d�placement sur les lieux, nous avons constat� de visu ces infiltrations de p�trole au niveau de plusieurs points, et ce, sur une cinquantaine de m�tres. Il faut dire que des retenues, comme nous l'attestera plus tard un responsable de Sonatrach joint par t�l�phone, ont �t� am�nag�es et la combustion de p�trole pi�g� se fait en permanence. Mais force est de constater que malgr� cette combustion, des fuites subsistent toujours et le cours d'eau est devenu compl�tement pollu�. Un cours d'eau qui d�verse directement dans l'oued Sahel, lequel avec le temps, si ce n'est d�j� fait, polluera in�luctablement la nappe phr�atique. Ceci est l'avis du directeur de l'environnement de la wilaya de Bouira, M. Bounebbab, qui nous parle d'une v�ritable catastrophe pour l'environnement. Selon lui, l'ol�oduc est compl�tement d�t�rior� et ses fuites ne sont pas signal�es uniquement au niveau de cette localit�, mais aussi dans d'autres, durant les ann�es pr�c�dentes, notamment � Djebbahia et Bouderbala. Notre interlocuteur nous dira en outre que les responsables de Sonatrach ont �t� inform�s le mois d'octobre dernier, mais "m�me avec les solutions prises, l'on assiste toujours aux fuites de p�trole qui se d�versent directement dans la nature, une v�ritable catastrophe �cologique". Par ailleurs, du c�t� de Sonatrach, l'on se veut serein. Le responsable que nous avons contact� par t�l�phone � B�ni Mansour essayera d'abord de nier l'existence de fuites de p�trole au niveau de cet endroit, mais quand il saura que nous nous sommes d�plac�s sur les lieux et que nous y avons pris des photos, il finira par reconna�tra leur existence mais en donnant une autre explication. En effet, ce responsable dira, d�s le d�but, que le pipeline actuel est v�tuste et qu'une nouvelle conduite sera op�rationnelle au plus tard dans un mois. En outre et concernant ces fuites, il nous dira que ce ne sont que des r�sidus ou r�surgences comme il les appellera. Pour preuve, d'apr�s lui, les tests montrent qu'il n'y a aucune fuite depuis que le d�bit a �t� revu � la baisse. Concernant l'existence de ce p�trole dans le cours d'eau et au niveau de l'oued Sahel, notre interlocuteur reconna�t que m�me avec des retenues appropri�es pour pi�ger le p�trole issu de ces r�surgences, il y aurait toujours une petite quantit� qui s'infiltrera pour �choir dans le cours d'eau. N�anmoins, du c�t� de la Direction de l'environnement, on ne semble pas tr�s convaincu par ces r�surgences. Le directeur nous dira avec une pointe d'amertume : "Les fuites qui durent depuis le mois d'octobre (juin, d'apr�s les riverains qui �taient formels), ne peuvent �tre des r�surgences. Et m�me avec �a, le mal est d�j� fait." Hier, apr�s que nous e�mes contact� le directeur de l'environnement, ainsi que les responsables de Sonatrach, une sorte de panique s'est empar�e d'eux et ont vite d�p�ch� une �quipe sur les lieux pour s'enqu�rir de la chose. Cependant, la question que l'on se pose aujourd'hui est de savoir quel est le v�ritable impact de ces fuites sur les nappes phr�atiques de la vall�e du Sahel ainsi que sur le barrage de Tiehihaft d'Akbou, lequel est aliment� directement depuis l'oued Sahel. Ce n'est qu'en fonction de ces r�sultats que la gravit� de ces fuites sera d�termin�e.