Recours de nouveau au couvre-feu en Tunisie dans l'espoir, pour les autorités, de mettre fin au chaos que vit le pays depuis trois jours. En effet, les manifestations des jeunes du gouvernorat de Kasserine ont fait tache d'huile et, comme une boule de neige, elles se sont multipliées, pratiquement, dans toutes les régions du pays, y compris la capitale. Bien qu'elles soient d'accord avec les manifestations considérées comme «légitimes», les autorités s'élèvent contre les actes de vandalisme qui ont endeuillé de nombreuses localités, en particulier les quartiers proches de la capitale qui ont vécu, jeudi soir, une nuit mouvementée marquée par le pillage de nombreux magasins ou d'édifices publics. Cependant, on ne déplore pas de victimes, sinon de blessés dans les rangs des manifestants ou des forces de l'ordre. C'est grâce au non-recours aux balles réelles par les policiers que la tragédie a été évitée malgré une révolte, souvent exagérée, de la part des jeunes dont la principale revendication reste l'emploi. Cette revendication est récurrente, en ce sens que depuis cinq ans, ils ne reçoivent que des promesses qui n'ont fait qu'augmenter le nombre des chômeurs, en particulier parmi les diplômés. Après voir décrété le couvre-feu dan la région de Kasserine uniquement et par crainte de voir les manifestations prendre des proportions semblables à celles de 2011 qui ont provoqué la fuite de Ben Ali, le gouvernement a décidé, vendredi, de l'étendre à tous le pays. Parallèlement, le gouvernement a pris des mesures «apaisantes », à savoir le recrutement de 190 000 jeunes chômeurs au cours de l'année 2016, sans compter d'autres mesures d'accompagnement qui les aideraient à créer leurs propres projets. Serait-ce suffisant, estime-ton, quand on sait que le chômage touche, officiellement, plus de 15% de la population active ? Cependant, en raison de l'incapacité du gouvernement à répondre aux besoins de ce nombre, il est fort à craindre que les manifestants aillent de l'avant. D'autant plus que leurs revendications sont appuyées par de nombreux hommes politiques, des députés en particulier. Comme il était prévisible, l'année 2016 sera difficile, voire très difficile pour la Tunisie. K. M. La France annonce «un plan de soutien d'un milliard d'euros» sur cinq ans Le Président français François Hollande a annoncé hier que «la France mettrait en œuvre un plan de soutien à la Tunisie d'un milliard d'euros sur les cinq prochaines années» alors que le pays est en proie à des troubles sociaux, a indiqué l'Elysée dans un communiqué. «Un des axes majeurs de ce plan vise à aider les régions défavorisées et la jeunesse, en mettant l'accent sur l'emploi», a spécifié la présidence française, à l'issue d'un déjeuner entre M. Hollande et le Premier ministre tunisien Habib Essid à Paris.