Dernière ligne droite dans le procès de l'affaire Sonatrach 1. En effet, les plaidoiries de la défense se sont poursuivies hier. Un procès qui n'a toujours pas dévoilé les dessous de cette affaire. Il n'en demeure pas moins que la reprise de l'intervention des avocats a été entamée par Me Chenaief, assurant la défense de Mohamed Zenasni, l'ex-vice-président des activités de transport par canalisation du groupe Sonatrach. Abder Bettache - Alger (Le Soir) - D'emblée, l'avocate tente d'expliquer le bien-fondé et la «démarche professionnelle » initiée par son client dans l'exécution de ses tâches et autres responsabilités au sein de la société. Elle marque un temps d'arrêt et se tourne vers le box des accusés, dont son client. A l'adresse de Mohamed Zenasni, elle déclare : «M. Zenasni, vous savez pourquoi vous êtes depuis six années en prison ? Tout simplement parce que vous avez fait correctement votre travail. Vous avez fait gagner à votre entreprise et au Trésor public 103 millions de dollars. C'était lors de votre négociation avec la société Saipem.» Ancienne magistrate, l'avocate monte au créneau et s'adresse cette fois-ci au président du tribunal criminel. Elle annonce : «Vous êtes magistrat ! M. le président, pourquoi on n'a pas procédé à une expertise pour situer réellement le préjudice subi par le groupe Sonatrach ? Nous avons d'éminents responsables, d'anciens hauts responsables, pourquoi n'a-ton pas fait appel alors à eux ?», s'est-elle interrogée. L'avocate cite d'anciens hauts responsables ayant occupé des postes de responsabilité au sein du groupe. Elle cite les noms de Sid Ahmed Ghozali, Zouiouèche, Attar, Belaid Abdesselem. Me Hamidi Khodja succède à Me Chenaief Fatima. Assurant lui aussi la défense de l'ex-vice-président de transport par canalisation au sein de Sonatrach, il entame sa plaidoirie en déclarant que depuis «l'éclatement de cette affaire, l'Opep ne s'est pas réunie et vous comprenez bien la conséquence de cette situation». «Vous savez pourquoi, M. le président, l'organisation de l'Opep ne s'est pas réunie depuis très longtemps ? Pour la simple raison que Sonatrach est en pleine crise. Une crise née depuis l'éclatement de cette affaire et par voie de conséquence, l'Algérie qui est considérée comme un acteur incontournable au sein de cette organisation n'arrive pas à intervenir dans les débats ou influer», explique l'avocat. «L'Opep ne se réunit plus depuis l'affaire Sonatrach 1» En somme, le procès de l'affaire Sonatrach 1 prend désormais une dimension internationale. Neveu de feu Messaoud Zeghar, une personnalité historique connue durant la guerre de Libération nationale et au lendemain de l'indépendance de l'Algérie dans le domaine de la diplomatie parallèle, Me Hamidi Khodja a lâché une phrase d'une importance capitale. «L'Opep ne se réunit plus depuis l'éclatement de l'affaire Sonatrach. Et vous comme moi d'ailleurs, nous connaissons les causes réelles nées de cette situation. » Mieux, en parfait connaisseur des tractations d'affaires à l'international, Me Hamidi Khodja a poussé plus loin son argumentaire, lorsqu'il dira «si c'était une entreprise d'un autre pays qui avait décroché la troisième tranche du projet de GK3, on n'aurait jamais connu cette affaire !», rappelant que «la société Saipem, voire le gouvernement italien ont commencé à collaborer avec le gouvernement algérien au milieu des années 1960». L'avocat se limite à ce stade. Il évite de donner plus de détails sur cette question. Il est 11h55mn, l'avocat Hamidi Khodja poursuit toujours sa plaidoirie. Pour cette fois-ci, il tente d'expliquer le statut de la compagnie Sonatrach et les prérogatives et autres attributions de son P-dg. Des explications que ses prédécesseurs avaient déjà avancées depuis le début des plaidoiries, avant de conclure, en se posant la question : «Où se trouve ce texte de loi qu'on veut nous appliquer dans cet état de droit, que le SG du FLN avait évoqué? Je saisis cette occasion pour vous dire que j'ai déposé une plainte contre Ammar Saâdani et le ministre de l'Intérieur au niveau du Conseil d'Etat pour des raisons internes». Rires dans la salle. Le juge Reggad intervient : «Ce que vous dites n'est pas à l'ordre du jour de cette affaire. A moins que vous lisiez beaucoup de journaux et que vous soyez très influencé par le débat politique actuel.» «Le juge instruit par la police judiciaire !» Plaidant la cause de la société Saipem, Me Bachi est le quatrième avocat à passer à la barre en ce troisième jour de plaidoirie de la défense. Il entame son intervention en évoquant une décision prise par le juge instructeur, qui décide de geler quatre comptes de la société Saipem, alors qu'elle «était entendue une première fois en tant que témoin. Et cette décision de gel des comptes a été prise suite à une demande formulée par la police judiciaire du DRS. C'est une violation flagrante du code de procédure pénale. C'est incompréhensible ! Le juge qui reçoit des ordres et obéit aux injonctions de la police judiciaire. C'est très grave Monsieur le président ce qu'a fait le juge instructeur», s'est-il exclamé. Et de dire : «Il n'y a aucune preuve qui dénote que la société Saipem a violé la loi pour profiter d'une majoration des prix dans le contrat du projet GK3. La société Saipem a terminé dans le temps son projet et l'a remis à Sonatrach conformément aux clauses conclues entre les deux parties sans l'addition d'aucun avenant. Saipem a terminé son projet et ses comptes sont bloqués. Et vous allez me dire comment Saipem a terminé son projet. Tout simplement parce que, les Italiens de Saipem ont respecté leurs engagements et ont poursuivi les travaux du projet en puisant de leurs propres comptes». Les avocats de Saipem, l'un après l'autre, ont à chaque fois tenté de battre en brèche les accusations du parquet. Il est 15h 05mn. L'avocat de Redha Meziane est invité à prendre la parole. Me Hocine Chiat déclare d'emblée que «cette affaire, je l'ai vécue de bout en bout depuis l'été 2009». L'intervention de l'avocat a duré plus de deux heures. Durant tout ce temps, il a tenté de démonter les accusations retenues contre son client. Il est 17 heures et la défense poursuit toujours sa plaidoirie. Aujourd'hui, d'autres avocats entreront en scène. Les interventions des avocats Aït Larbi et Bouchachi sont très attendues.