40% des recommandations inscrites dans le Plan cancer ont été déjà engagées, depuis le mois de janvier dernier, assure le ministre de la Santé. D'ailleurs, Abdelmalek Boudiaf prévoit la mise en œuvre totale de ce plan avant sa date-butoir, en 2019. Selon lui, il n'existe aucun obstacle pour y arriver et améliorer la prise en charge des malades atteints de cancer, vu les moyens alloués pour la lutte contre cette maladie, 180 milliards de dinars. Salima Akkouche – Alger (Le Soir) - L'espoir est enfin permis ! « Nous avons tout ce qu'il faut pour faire face au cancer», assurait le ministre de la Santé qui s'exprimait jeudi à l'occasion de la Journée mondiale contre le cancer. Selon Abdelmalek Boudiaf, «la page de désespoir est tournée et nous sommes en train d'emprunter le chemin de la victoire sur le cancer». Devenu un chantier présidentiel depuis 2013, le dossier cancer a bénéficié désormais d'une mobilisation politique avec le lancement du Plan national cancer 2015/2019. Ainsi, 180 milliards de dinars ont été dégagés pour la lutte contre le cancer dont un fonds de 17 milliards de dinars est accordé à la recherche. Le ministre de la Santé a indiqué que beaucoup d'actions prévues par le Plan cancer ont été mises en œuvre. Sur les 60 actions inscrites au titre des 8 axes stratégiques du Plan cancer, 40 actions ont été engagées depuis le mois de janvier dernier. Parmi les priorités, cite le ministre de la Santé, la finalisation des consensus thérapeutiques des principaux cancers «pour mieux cerner les besoins en médicaments et maîtriser la facture», le soutien aux investissements dans le domaine de la production des médicaments entrant dans la thérapie du cancer, la formation et la mise à niveau des compétences des personnels en charge du cancer ainsi que des médecins généralistes de toutes les structures pour faciliter le dépistage, le développement des soins et de l'hospitalisation à domicile par des équipes hospitalières au profit des patients atteints de cancer. Revenant sur les actions prises pour la lutte contre le cancer depuis 2013, Abdelmalek Boudiaf estime que les mesures entreprises dans ce sens ont permis de redonner toute sa dignité au malade. Ce dernier, dit-il, bénéficie d'une chimiothérapie de proximité dans toutes les wilayas du pays et d'un quasi-triplement de l'offre en radiothérapie avec 19 accélérateurs et 16 en cours de réception durant 2016. Etat des lieux sur le cancer en 2013 Abdelmalek Boudiaf, qui est revenu sur l'état des lieux de la maladie établi en septembre 2013, a indiqué que cette époque a été caractérisée par une pression «intolérable» sur les services de radiothérapie avec des délais dépassant souvent les 18 mois pour la prise en charge, notamment des cancers du sein et de la prostate ; des pénuries à répétition concernant les médicaments utilisés dans le traitement du cancer ; situation aggravée par la prescription anarchique en l'absence de protocoles référentiels ; un manque d'unités d'oncologie médicale dans de nombreuses wilayas notamment au sud du pays, obligeant les patients à effectuer de longs et nombreux déplacements sur les services des hôpitaux des grandes villes du nord ; des chantiers de centres anticancer (CAC) à l'arrêt (depuis 7 ans pour Annaba, 18 mois pour Tizi-Ouzou, plusieurs mois pour Sidi-Bel-Abbès et Tlemcen) ; des CAC réceptionnés à Sétif et Batna mais non encore opérationnels en radiothérapie car la réception des équipements était bloquée par différents problèmes de procédures ; une campagne médiatique continue relative à la détresse des malades cancéreux face aux ruptures de traitements médicamenteux et à l'insuffisance de prise en charge en matière de radiothérapie. Le plan de riposte Face à cette situation où la prise en charge des malades était dramatique, le ministère de la Santé a dégagé un plan de riposte. En matière d'offre de soins en oncologie médicale et en radiothérapie Ce volet consiste en l'amélioration de l'offre en oncologie médicale qui se traduit aujourd'hui par l'existence de 32 services et 48 unités totalisant 1 913 lits et couvrant les 48 wilayas. L'amélioration de l'offre en radiothérapie se traduit, quant à elle, par l'existence de 19 accélérateurs linéaires dans le secteur public, plus trois autres en instance de mise en service contre 7 accélérateurs en 2013. Cette augmentation des capacités a permis de réduire significativement les délais d'attente qui sont passés de plus de 12 mois à moins d'un mois pour tous les cancers sauf pour le cancer du sein dont les délais d'attente varient de 1 mois à 7 mois. En matière d'infrastructures Ce volet se traduit par la mise en fonction, la réception et la reprise des travaux et la relance de nouvelles infrastructures : il s'agit de la reprise des travaux des centres anti-cancer de Sidi-Bel-Abbès, Tlemcen, Annaba et Tizi-Ouzou à l'arrêt sur une période allant de 18 mois à 7 ans ; la mise en fonction des centres anti-cancer de Batna et Sétif en 2014 et de celui de Annaba en 2015 ; la relance de l'Institut du cancer Oran et de 4 CAC en cours de réalisation (Laghouat, Adrar, Béchar, El Oued). Quatre nouveaux CAC seront réceptionnés au courant de 2016, ce qui amènera le nombre des accélérateurs à 12. Dans le domaine de la disponibilité des médicaments En matière de médicament, plus de 37 milliards de dinars ont été mobilisés pour l'acquisition des médicaments des classes de la cancérologie et de l'hématologie, ce qui représente 60% de la totalité des achats de la PCH pour l'année 2014. En matière de renforcement des capacités techniques Ce volet se traduit par le renforcement des personnels médical, paramédical et technique des établissements hospitaliers prenant en charge les patients atteints de cancer, ce qui a permis d'acquérir un personnel médical et paramédical correspondant à des normes de fonctionnement suffisant, la mise en œuvre de programmes d'actions en vue de l'utilisation du fonds de lutte contre le cancer, le lancement d'un programme de formation des médecins généralistes couvrant toutes les wilayas et de la formation des personnes compétentes en radioprotection ainsi que la redynamisation des cellules d'orientation, d'accompagnement et d'écoute. En matière d'information sanitaire sur le cancer Les registres des cancers de population de wilaya sont passés de 15 à 48. Il a été procédé aussi à la mise en place du réseau national informatisé des registres du cancer, ce qui permettra un suivi du patient par son médecin. En matière de prévention Ceci concerne la prévention primaire à travers la lutte anti-tabac par le lancement de vastes campagnes de sensibilisation dans un cadre intersectoriel, à l'interdiction de fumer dans les lieux publics et à la mise en place de 53 unités d'aide au sevrage tabagique et la poursuite de la mise en œuvre du plan de prévention axé sur la lutte intégrée contre les facteurs de risque. 30% des cancers peuvent être évités Plus de 30% des cas de cancer peuvent être évités en s'éloignant des principaux facteurs de risque. Le ministre de la Santé cite, entre autres, le tabagisme, la consommation excessive d'alcool, une alimentation déséquilibrée et les infections chroniques liées à certains virus...comme facteurs de risque. Couverture de 70% des besoins nationaux en médicaments par la production locale en 2017 Selon le ministre de la Santé, d'ici le premier semestre de 2017, l'Algérie arrivera à atteindre un taux de couverture de 70% de ses besoins en médicaments par la production nationale. «Le taux de couverture de nos besoins en médicaments dépassera les 70% par la production nationale et nous serons prêts à nous lancer dans l'exportation» prévoit Abdelmalek Boudiaf.