Ce qui était au début une aventure presque impossible à réaliser s'avérera au fil des jours avec l'élan de solidarité jamais égalé de la part de toute une région, presque une thérapie contre ce que tout le monde redoutait au niveau de notre société : la démobilisation et l'indifférence. Oui, le père de Lydia, Rachid Tamourt, a raison de rappeler cette thérapie collective qui a guéri la société d'une certaine indifférence qui commençait à devenir presque de l'inhumanisme. Avec le cas de sa fille Lydia, Rachid Tamourt était presque désespéré après avoir eu connaissance de la somme exigée pour les soins de sa fille à l'étranger, son unique espoir de guérison. Une maladie rare qui a été diagnostiquée chez sa fille, le «Sarcome d'Ewing», un cancer rare qui a touché l'os de la hanche droite et qui s'aggrave de jour en jour. Désespéré ce père, n'étaient ces jeunes du village Vouaklane, village natal de Lydia, qui ont pris le taureau par les cornes. Ce fut vraiment l'éternelle citation de Larbi Ben Mhidi : «Jetez la révolution dans la rue, elle sera bercée par le peuple». L'idée germée au sein d'un groupe a été jetée dans la rue et elle fut bercée par... tout un peuple. Mais d'abord par les citoyens de la région de M'chédallah où toutes les communes de la daïra mais aussi celles avoisinantes, jusqu'à la communauté étrangère établie en France, au Canada et aux Etats-Unis d'Amérique, se sont joints et ont uni leurs efforts pour venir en aide à la jeune lycéenne Lydia pour lui redonner le sourire, faire tout pour que sa prise en charge ait lieu. Parallèlement à ces actions de collecte d'argent et de divers dons en nature, des centaines de citoyens et autres associations s'activaient à travers les réseaux sociaux pour sensibiliser le maximum de gens sur la nécessité de venir en aide à une famille dont le revenu ne pouvait faire face à la somme de 2,5 milliards de centimes exigée pour la prise en charge de la malade en France. Aussi, grâce à cette solidarité jamais égalée dans la région, la somme exigée a été récoltée en moins de trois semaines. Le 29 janvier 2016, le collectif de solidarité de la daïra de M'chédallah a pris la décision d'arrêter toute collecte et le blocage des comptes bancaires et du CCP ouvert à cet effet. Outre cette décision, le collectif qui avait déjà programmé un gala de solidarité pour le 13 février informera les citoyens que ce gala était maintenu, et ce, d'abord pour remercier tous ceux qui étaient de loin ou de près derrière cette mobilisation extraordinaire pour la réussite de cette action de solidarité ; ensuite et c'est parce que l'entrée au stade est payante, pour expliquer aux citoyens que la somme récoltée servira à couvrir d'éventuels frais supplémentaires d'un séjour prolongé de la jeune malade, ou le cas échéant, pour faire face à la probable hausse des cours de change parallèle tant, rappelle le collectif, l'opération de change réglementaire auprès des établissements financiers légaux obéit à une démarche lente qui ne permet pas d'avoir le montant en devises nécessaire en temps voulu ; ce qui contraint le collectif à recourir à d'autres alternatives. Aussi, avant-hier samedi, ils étaient tous là, les Oulahlou, Kamal Chenane, le comédien Mhend, mais aussi, ces artistes qui sont rentrés au pays spécialement pour ce gala, et parfois en quittant leurs postes de travail comme c'est le cas pour Mourad Menhoudj qui vit en France mais qui a répondu spontanément à l'appel dès que le collectif de solidarité l'avait sollicité. «Pour moi, en tant qu'enfant de la région, je me suis senti honoré par le fait que les enfants de ma région ne m'aient pas oublié ; d'autant que le cas de notre fille Lydia nous a touchés bien avant que je ne sois sollicité pour ce gala, en participant à la collecte en France». Même réaction de la part de Ali Amran, qui vit également en Europe et qui est rentré au pays spécialement pour répondre aux appels de solidarité qui lui ont été lancés par un collectif de Tizi-Ouzou d'abord, puis celui de M'chédallah pour venir en aide aux malades. Rabah Ouferhat abonde dans le même sens mais en émettant le vœu de voir ces actions de solidarité s'élargir vers d'autres domaines d'intervention qui ne sont pas nécessairement pour les malades mais, «pourquoi pas pour d'autres chantiers qui profiteraient à la collectivité : dans le cadre environnemental, culturel ou social ... L'essentiel est que la solidarité légendaire de la société algérienne soit maintenue et même ravivée» dira-t-il, avant que le père de Lydia ne fasse la même réflexion sur ce point en disant que «la société qui a perdu ses repères d'antan en se regardant en chiens de faïence a miraculeusement, grâce à cette maladie de ma fille, retrouvé son élan de solidarité et son hospitalité légendaire. Pour moi, je dirai que l'élan collectif qui est réussi pour venir en aide à ma fille atteinte du cancer a déjà vaincu cet autre cancer qui rongeait notre société, celui de l'indifférence et de l'hypocrisie. Fasse Dieu que la fraternité retrouvée perdure et que ma fille retrouve son sourire Inch'Allah», dira Rachid Tamourt en pleurs. Des pleurs de joie après tant de soutiens venus des quatre coins du pays et même d'ailleurs...