Une situation de guerre se prépare probablement aux portes de l'Algérie. La Libye est menacée de subir incessamment des frappes aériennes menées par la communauté internationale pouvant ainsi induire des conséquences graves sur les pays limitrophes. D'ores et déjà, les autorités algériennes ont pris les devants en mettant en place un plan spécialement conçu pour endiguer toutes les éventuelles répercussions de cette intervention étrangère. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Comme on peut se l'imaginer, le plan en question fait état d'un renforcement de la sécurité au niveau de toutes les zones concernées. Les effectifs de l'ANP, déjà déployés en grand nombre depuis la chute du régime d'El-Kaddafi, pourraient être renforcés alors que les patrouilles de nos soldats s'intensifient déjà depuis plusieurs jours. En cas de frappes, elles s'intensifieront davantage de manière à occuper presque constamment le terrain en vue d'empêcher toute infiltration terroriste. Selon des sources bien au fait du dossier, ordre a été donné de mettre tous les moyens matériels à la disposition des troupes chargées de cette mission. L'objectif est, bien sûr, de barrer la route aux éléments de Daesh qui tenteront inévitablement de s'infiltrer pour fuir les bombardements mais aussi endiguer l'afflux des réfugiés libyens. En 2011, l'Algérie avait accueilli 38 268 Libyens qui avaient fui les combats faisant rage entre les différentes milices armées. La majorité de ces personnes ont fini par quitter le territoire pour rejoindre à nouveau leur pays ou s'installer ailleurs. Les guerres qui se sont déclarées en Irak, en Syrie ou ailleurs ont cependant démontré que les situations de frappes génèrent des situations de panique terribles, et légitimes, au sein de la population, ce qui peut laisser prévoir un afflux massif et soudain de réfugiés en cas d'intervention. Il faut dire que les mêmes préoccupations ont lieu en ce moment même en Tunisie où des commissions régionales chargées de gérer les conséquences d'une éventuelle intervention militaire internationale en Libye ont été installées. Les autorités tunisiennes ont mis également le ministère de la Santé en état d'alerte en prévision de l'arrivée de réfugiés. Le Président tunisien a fait part, ce vendredi, de sa profonde inquiétude en raison des évènements qui se préparent. Il a appelé la communauté internationale à «informer» les pays de la région avant toute initiative. Que ce soit en Algérie ou en Tunisie, les responsables des deux pays continuent à tenter de trouver une issue politique au dossier libyen à l'heure où les Français exigent que le nouveau gouvernement libyen entre en fonction sans délais. Le chef de la diplomatie française a ajouté qu'il y allait de «l'intérêt et de la sécurité des pays de la région et aussi de la sécurité en Europe». L'option d'un règlement politique de la crise libyenne, qui perdure depuis près de cinq années, est cependant loin d'être envisageable actuellement. Les négociations politiques, fortement appuyées par l'Algérie, entre factions rivales demeurent dans l'impasse et Tripoli demeure toujours entre les mains de factions (soutenues par les islamistes et hostiles à l'accord politique). Cet état de fait a provoqué une situation d'impatience au niveau de la communauté internationale et notamment des Etat-Unis lesquels ont annoncé, il y a quelques jours, une possible participation de l'Egypte dans les frappes contre la Libye. Ce qui n'est pas une nouveauté en soi puisque les Egyptiens avaient dépêché des avions de combat égyptiens bombarder des positions de Daesh en Libye peu de temps après la revendication, par cette organisation, de la décapitation de 21 chrétiens coptes (Egyptiens). Le monde avait été fortement choqué par les images de ces victimes égorgées puis jetées à la mer par leurs bourreaux. Et c'est justement la montée de Daesh en Libye (à 300 m de l'Europe) qui inquiète fortement la communauté internationale. Les frappes qui pourraient survenir incessamment sont destinées à réduire les moyens de ce groupe.