De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari En conclave extraordinaire à Bruxelles, les chefs d'Etat et de gouvernement européens apprennent que Salah Abdeslam, le cerveau de Paris 13 novembre, a séjourné juste à côté, Schaerbeek, pendant trois semaines et que Daesh s'intéresse particulièrement au nucléaire européen. Ambiance. Proximité rond-point Shuman, quartier européen de Bruxelles, les chefs d'Etat et de gouvernement sont réunis. Ordre du jour inflammable. Brexit (sortie ou non du Royaume-Uni de l'UE, affaire des migrants, terrorisme et rébellion de plusieurs Etats contre la Commission, gouvernement de l'Union, en définitive). A quelques encablures, à Schaerbeek, municipalité mi-culturelle, mi-belge, tartine beurrée, feuilletée par des présences européennes avérées, la presse du royaume, déchaînée, révèle que Salah Abdeslam, l'homme le plus recherché d'Europe, voire du monde, y a séjourné pendant trois semaines. En toute quiétude. Rue Henri Bergé. Alors même que le niveau d'alerte était maximum, 4 sur 4. Et le quartier bouclé. Les perquisitions, arrestations et interpellations faisaient le lot de l'information en continu. Salah Abdeslam étant le présumé concepteur et planificateur des attentats de Paris du 13 novembre 2015. Les Belges et l'ensemble des Européens apprennent la nouvelle du séjour bruxellois de Abdeslam pendant qu'ils commentaient, terrorisés et apeurés, l'intéressement de Daesh aux installations nucléaires de Doel 1 et Doel 2, en région flamande. Des sources judiciaires ont, certes, tenté de diminuer de l'impact d'une telle révélation, mais c'est trop peu et peut-être même trop tard. Daesh fait désormais partie de l'ambiance générale, alimente les controverses et les débats télévisés, dans les cafés de commerce et dans les chaumières. D'autant que Bruxelles abrite l'essentiel des institutions européennes et de l'Alliance atlantique, Nato. Les décideurs de l'UE en conclave dans la capitale belgo-européenne qui n'ont aucune bonne nouvelle à annoncer depuis belle lurette, s'adonnent dans leurs interventions à ce qu'ils maîtrisent le plus, la langue de bois. Personne n'est dupe ni n'accorde du crédit à leurs propos. L'Union européenne ressemble de plus en plus, hélas, à la sinistre Ligue des Etats arabes. Ce qui n'est pas bon du tout. Ni pour la paix du monde, ni encore moins pour la sécurité du flanc-sud de la Méditerranée. Grèce, Turquie, Algérie, Tunisie, Libye ou ce qu'il en reste, Maroc ou Liban. L'Union européenne perd la main et ses choix hasardeux, soutien du terrorisme contre l'Etat légitime syrien ou aveuglement par rapport aux crimes de guerre et contre l'humanité commis par Israël, ne lui permettent pas d'agir avec conséquence ou détermination. Fin du Sommet, mars prochain, une autre rencontre extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement à Bruxelles. Encore un.