Six années (25 février 2010 – 25 février 2016) sont passées depuis l'assassinat d'Ali Tounsi, l'ex-patron de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) et l'affaire est toujours pendante devant la justice. Alors que l'affaire a été renvoyée devant le tribunal criminel près la cour d'Alger, après plusieurs pourvois en cassation tant devant la chambre d'accusation que devant la Cour suprême, les avocats des deux parties sont toujours dans l'attente de la tenue d'un procès. Abder Bettache – Alger (Le Soir) – La famille de la victime veut connaître la vérité, au moment où et du fond de sa cellule, son présumé assassin, en l'occurrence Chouaïb Oultache, attend la programmation de son procès. La chambre d'accusation près la cour d'Alger avait renvoyé ledit dossier devant le tribunal criminel pour «homicide avec préméditation, guet-apens, tentative d'assassinat avec préméditation et port d'arme sans autorisation». Le procès devait se tenir en 2015, mais pour des «raisons inconnues», le procès n'a jamais été programmé par le parquet général. L'instruction de l'affaire avait connu plusieurs rebondissements. D'ailleurs, les avocats de la défense se sont pris au juge instructeur qui, selon eux, «s'est surpassé à travers le faux ostentatoire qu'il a commis, pour corroborer la thèse de la police judiciaire et en falsifiant les déclarations d'Oultache Chouaïb lors de la reconstitution du crime». Mieux, la défense relève que lors de cette constitution, Oultache avait déclaré avoir tiré «quatre balles», et qu'il n'a «jamais» visé la tête du défunt. Le rapport de l'expertise avance la thèse de la mort par deux balles tirées en direction de la tête du défunt. «Mystère ? », dit-on. Et pourtant, l'auteur présumé du crime est considéré comme son homme de confiance. Lui, c'est Chouaïb Oultache, un ancien colonel de l'armée de l'air, qu'il a lui-même (feu Ali Tounsi) décoré symboliquement du grade de divisionnaire, avant qu'il ne lui confie l'unité aérienne de la police. Cinq mois plus tard, l'enquête conclut à un «acte isolé», suscitant aussi bien la réaction de la partie civile, qui récuse le mobile retenu, que celle de la défense de Chouaïb Oultache, qui estime que ce dernier «a blessé» le défunt et «d'autres l'ont achevé». Tous les comptes rendus de presse citant l'arrêt de renvoi avaient fait état des circonstances du crime. Selon la même source, le crime a eu lieu suite à une altercation, juste avant la tenue d'une réunion-bilan avec les cadres de la police, il y a six années soit dans la matinée du jeudi 25 février 2010. Oultache insistait pour être reçu avant ses collègues. Il entre dans le bureau du directeur général, qui le reçoit froidement. Il demande le report de la réunion pour permettre à ses collaborateurs d'achever leur travail. Feu Ali Tounsi refuse. «C'est aujourd'hui que les comptes doivent être rendus...», lui dit-il. Une altercation s'ensuit. Début d'un clash ! Les deux responsables abordent la question des marchés de télésurveillance et de télécommunication. Tounsi s'emporte. «Ton service est resté à la traîne, tu m'as mené en bateau et tu t'es arrangé pour donner tous les marchés à l'armée. Vous êtes tous des traîtres», lui lance-t-il. Six ans après, l'affaire n'est toujours pas jugée. Il y a une année, Maître Belarif se dit «convaincu que le procès n'aura pas lieu tant que la Cour suprême n'aura pas validé la condamnation de Oultache dans l'affaire liée aux marchés des équipements informatiques attribués à la société privée ABM, dont le directeur général adjoint est son gendre. Ce dossier a été monté de toutes pièces pour constituer un mobile au crime.». Or, le procès en question s'est tenu tant en première instance, qu'en seconde, qu'après cassation auprès de la Cour suprême. Mais jusqu'au jour d'aujourd'hui, le procès de l'assassinat de feu Ali Tounis n'a toujours pas eu lieu.