Cette semaine, notre voyage culinaire va nous mener dans la région Centre de l'Algérie pour y découvrir un plat traditionnel typique. Simple dans sa réalisation et de par les ingrédients qui la composent mais tellement exquise, cette recette à l'algéroise reflète toute la personnalité des femmes algéroises de l'époque qui savaient, avec très peu, faire des festins. La recette, je la tiens de ma mère qui elle aussi la tenait de sa mère et je pourrais remonter ainsi très loin dans le temps, car il faut le préciser, cette recette est l'une des plus anciennes de la longue liste de plats traditionnels algérois à sauce blanche que les familles du Centre préparaient et préparent encore aujourd'hui lors des repas de Ramadhan pour sa légèreté et sa simplicité. Cependant, ce mets très populaire a subi quelques ajustements au fil des années par les ménagères, mais la recette de base a été préservée en gardant la sauce blanche, certainement parce qu'elles tenaient à conserver leur patrimoine culinaire qu'elles considèrent comme un héritage familial qu'il fallait léguer aux générations futures. Et c'est la mission de toutes les mères de famille algériennes qui s'évertuent à la mener à bien en initiant leurs filles, dès leur plus jeune âge, à l'art culinaire. Elles ne se contentent pas de leur montrer comment cuisiner tel ou tel plat. Non, elles se lançaient le défi de leur faire aimer la cuisine, car comme ma grand-mère le disait toujours, si on n'aime pas cuisiner, on ne réussira jamais une recette et le premier ingrédient indispensable à chaque recette c'est bien sûr l'amour. C'est ainsi que, dès la puberté et même avant pour certaines jeunes filles, l'apprentissage commençait et il était impensable que les jeunes adolescentes de la famille ne prennent pas part aux préparatifs des repas quotidiens. D'abord, on les faisait entrer dans la cuisine pour aider et pour s'imprégner de cette atmosphère très particulière qui règne dans cette pièce maîtresse de la maison. Ensuite et petit à petit, elles venaient d'elles-mêmes, y prenaient goût et se mettaient à concocter de petites recettes très simples en suivant scrupuleusement les conseils des aînées jusqu'à devenir des cuisinières chevronnées, sans pour autant cesser d'apprendre pour se perfectionner et pouvoir à leur tour former leurs filles. La recette : Ingrédients : 1) Pour les beignets 2 bottes de persil frais 2 oignons de préférence frais 3 à 4 œufs 3 c. à s. de farine 1/2 sachet de levure chimique Sel et poivre 1⁄2l d'huile végétale pour la friture 2) Pour la sauce : - 4 à 5 morceaux de viande de mouton ou 2 cuisses de poulet - 1 gros oignon - 1 poignée de pois chiches trempés la veille - 1 c. à s. de beurre clarifié (smen) - 1 c. à c. de cannelle en poudre - Sel/ poivre - 1 l d'eau Préparation : Prendre une marmite allant sur le feu, y déposer les morceaux de viande lavés, ajouter les pois chiches, le smen, l'oignon râpé finement, le sel, le poivre et la cannelle. Faire revenir la viande à feu vif pendant quelques minutes jusqu'à la colorer de tous les côtés puis mouiller avec de l'eau tiède jusqu'à recouvrir la viande (1l environ) puis couvrir et laisser cuire à feu modéré. Pendant ce temps, prendre un saladier en verre, y mettre le persil haché finement et l'oignon émincé. Ajouter la farine, la levure puis casser les œufs en omelette et les verser dans le récipient. Saler et poivrer, bien mélanger le tout et réserver. Faire chauffer l'huile dans une poêle à fond épais. A l'aide d'une cuillère à soupe, disposer des rochers de farce dans le bain d'huile et les faire dorer. Disposer des petits tas de beignets dans un bain d'huile bien chaud. Les retirer un à un, les laisser égoutter sur du papier absorbant et réserver. Lorsque la viande est cuite et les pois chiches fondants, présenter dans un plat de service creux. Disposer les beignets de persil au milieu et arroser abondamment de sauce en plaçant les morceaux de viande tout autour. Décorer avec quelques brindilles de persil et des quartiers de citron.