Par Malika Boussouf [email protected] Il y a des jours comme ça où, à l'idée même d'évoquer la banalité au quotidien, je me dis qu'en réalité, il y a un autre sport cérébral que j'aimerais pratiquer. Celui, par exemple, qui m'aidera à regarder les choses de façon plus positive ou à me dire que nous ne sommes pas obligés de cultiver l'autoflagellation et nous répéter tous les jours que tout va mal, ou encore que des pépins dont on ignore l'origine vont inévitablement s'abattre sur nous. Parce que, après tout ce que nous avons subi durant plus de dix ans de barbarie et d'assassinats en tous genres, nous avons encore besoin de souffler. Il y a, à vrai dire, le désespoir et il y a ceux qui exploitent ce désespoir et le fait qu'il se cramponne aux uns alors qu'il tourne allègrement le dos à d'autres plus chanceux. Toujours les mêmes, pourrait-on se dire en râlant un bon coup ! Dans la vie que nous nous fabriquons au quotidien, il y a ceux qui s'en moquent, et il y a ceux qui n'osent pas, par exemple, pointer du doigt les faiseurs de cet ignoble humour noir plébiscité au nom de la liberté d'expression. Humour détestable, généralement destiné à alimenter les débats grotesques et foireux qui polluent nos journées. La scène politico-médiatique tente cyniquement d'orienter notre attention vers les choses censées nous faire réfléchir sur nous-mêmes. Le résultat devient piteux quand on nous suggère, avec vigueur, des grilles de lecture épouvantables, censées nous procurer du réconfort. Je préférerais, pour ma part, avoir la liberté d'approuver ou non ce que l'on essaie de me fourguer comme modèle de réflexion. Quelqu'un, ailleurs, dans un autre pays, a dit un jour : «On vit dans un pays où les problèmes ont du mal à se régler.» J'ai été frappée par la similitude de ces propos avec ce qui se passe chez nous. Et puis, j'ai fini par me dire que cette phrase bateau pouvait s'appliquer à n'importe quel contexte. J'en conclus, donc, que pour peu que l'on ait la sagesse et le raffinement d'y mettre plus de nuances, avoir une âme de gagnant peut aider à produire du bonheur.