La Turquie est «sérieusement inquiète» à propos de la viabilité du cessez-le-feu qui doit entrer en vigueur dans les prochaines heures dans la Syrie voisine, en raison de la poursuite des bombardements russes, a déclaré hier le porte-parole de la présidence, Ibrahim Kalin. «Nous soutenons en principe le cessez-le-feu. La Turquie a joué un rôle actif dans la prise d'une telle décision», a-t-il dit lors d'un point de presse à Ankara, avant d'exprimer son pessimisme, en raison d'«événements qui se sont produits dans le passé», quand le régime du Président syrien Bachar Al-Assad s'est servi de semblables trêves pour «gagner du temps». «Nous sommes sérieusement inquiets de l'avenir de cette trêve en raison de la poursuite des bombardements russes et des attaques au sol des forces d'Assad», a-t-il souligné. La Russie a affirmé hier continuer de bombarder les «organisations terroristes» en Syrie. Le régime de Damas, l'opposition armée et les forces kurdes ont annoncé qu'ils respecteraient le cessez-le-feu, parrainé par les Etats-Unis et la Russie et censé débuter hier à 22h GMT. La trêve exclut les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) et du Front Al-Nosra. «Nous avons malheureusement été informés que les attaques se poursuivaient à l'heure où je vous parle au nord d'Alep, à Azaz, Tal Rifaat, Idleb et dans les montagnes turkmènes», a regretté Ibrahim Kalin. La Turquie avait déjà émis des doutes sur le succès du cessez-le-feu, estimant notamment que la milice kurde de Syrie devait être exclue de l'accord, au même titre que les groupes djihadistes. Jeudi, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu avait affirmé que la trêve n'était «pas contraignante» pour la Turquie, qui ripostera à toute attaque contre son territoire de la milice kurde, qu'elle considère comme «terroriste», pour leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit), qui mène depuis 1984 une rébellion meurtrière sur son sol. M. Davutoglu évoquait le PYD (Parti de l'union démocratique, principale formation kurde en Syrie) et son bras armé, les YPG (Unités de protection du peuple), qui contrôlent des zones à la frontière turque et qui ont récemment profité de l'offensive des forces du régime syrien dans le nord, soutenus par les raids de l'aviation russe, pour avancer. L'artillerie turque a bombardé les positions des YPG ces derniers jours. Les Etats-Unis - qui soutiennent militairement les YPG, en première ligne du combat contre l'EI -, l'Union européenne ou la France ont exhorté Ankara à mettre un terme à ces frappes.