Une pétition publiée le 24 février dernier et adressée au ministre de la Culture Azeddine Mihoubi dresse un état des lieux effroyable quant à la vie culturelle à Annaba. Médiocrité, inertie et bricolage sont autant de plaies qui empêchent cette ville de connaître un essor mérité. De jeunes artistes peintres, fraîchement sortis de l'Ecole supérieure des beaux-arts et déjà considérés comme les pionniers d'une renaissance des arts plastiques en Algérie ; des musiciens pleins de verve ; des acteurs culturels qui ne demandent qu'à apporter leur savoir-faire et en faire profiter leur ville, etc., c'est de tout cela que regorge Annaba qui figure, pourtant, parmi les enfants pauvres de la politique ministérielle et ne bénéficie d'aucune stratégie de promotion et de dynamisation du fait culturel. L'automne dernier, il y a bien eu l'organisation du Festival méditerranéen du cinéma mais comme la plupart des événements de ce type, la ville semble devenir un phénomène périphérique à l'univers calfeutré des rencontres mondaines et autres sectarismes propres à ces manifestations, sans parler du fait que, comme la plupart des festivals de cinéma, celui-ci passe comme une étoile filante et ne laisse derrière lui que la promesse d'une prochaine édition sans qu'il y ait le moindre impact ou effet positif sur l'amélioration ou la création d'infrastructures indispensables à la relance de la dynamique cinématographique. Hormis donc ce nouvel événement, le Festival du théâtre féminin ainsi que «Cinéma sous les étoiles», organisé par l'Institut français, rien ne vient bousculer la triste monotonie de la ville qui passe le reste de l'année à contempler ses édifices culturels fermés ou abandonnés. La pétition signée par une centaine d'artistes et d'anonymes s'adresse au premier responsable du secteur, M. Azeddine Mihoubi, en ces termes : «La vie culturelle à Annaba est prise en otage par M. le directeur de la culture, les artistes annabis n'ont pas de lieux et d'occasions pour s'exprimer, et lorsqu'on fait appel à eux, on leur refuse un cachet même symbolique, alors que le budget de la direction de la culture est gaspillé dans des événements médiocres et inintéressants dans des salles vides, ainsi que dans des buffets et des restaurants de luxe ! La culture à Annaba n'a jamais connu une période aussi médiocre. Le directeur de la culture refuse de louer les salles sous sa tutelle aux entreprises privées d'événementiels alors qu'il offre gratuitement ces mêmes salles aux institutions étrangères pour y organiser leurs événements. Les responsables de la culture à Annaba ignorent tout des nouvelles tendances et des nouveaux talents de la ville. Il est temps qu'ils cèdent la place à des personnes plus compétentes.» Parmi les signataires, le plasticien Adel Bentounsi qui fait partie de cette génération en passe de devenir l'instigatrice d'un nouvel âge pour les arts plastiques en Algérie. La plupart de ses expositions se tiennent à Alger et il n'a eu qu'une seule occasion de montrer ses œuvres dans sa propre ville et c'était à l'initiative de l'Institut français. Les responsables locaux gérant la plupart des espaces d'exposition d'Annaba continuent, quant à eux, à l'ignorer comme la majorité des talents de Bône.