Une grande tension règne aux frontières algériennes. Alors que Aqmi tente de faire pression dans le Grand Sud pour maintenir une place en perte de vitesse, de nouvelles incursions terroristes sont signalées dans la bande frontalière de Sakiet-Sidi-Youcef, à quelques kilomètres de l'Algérie. Ces évènements surviennent quelques jours seulement après les propos inquiétants tenus par Gaïd Salah à Ouargla. Aqmi (l'organisation terroriste Al-Qaïda au Maghreb) a donc revendiqué l'attaque perpétrée contre le site gazier d'In-Salah, preuve selon elle de ses capacités à agir en dépit de l'important dispositif mis en place dans la région. Cette déclaration est cependant perçue comme de la fanfaronnade par des sources bien au fait de la situation. L'attaque avortée, il faut le dire, a été menée par des réseaux dormants de la région et réactivés pour «confirmer» la présence d'Aqmi dans la zone suite à l'attentat perpétré il y a environ une semaine par la même organisation en Côte d'Ivoire. L'attaque survient également peu de temps après celle qui a eu lieu à BenGuerdane en Tunisie. «Il était donc prévisible qu'un tel évènement survienne car les groupes terroristes agissent toujours en fonction de ce qui se passe ailleurs. C'est une sorte de concurrence qu'ils se mènent», affirme-t-on à cet effet. L'utilisation de mortiers artisanaux, connus sous l'appellation de heb-heb, confirme en outre que la tentative est bien signée Aqmi puisque Daesh est au contraire doté d'armements plus sophistiqués. Enfin, il faut savoir que la zone où a eu lieu l'attaque, El-Ménéa, est connue comme étant un lieu où a longtemps activé Belmokhtar et que le terrain en lui-même (un terrain plat et désertique) ne lui permettait pas une action de plus grande envergure. «Elle était destinée à se faire prévaloir auprès des autres groupes pour lui permettre de se replacer et de négocier.» Belmokhtar n'a pas tardé d'ailleurs à faire connaître ses véritables intentions. Il s'agit d'une sorte de deal qu'il désire passer avec les entreprises étrangères installées au Sud et auxquelles il propose d'assurer la sécurité faute de quoi il entrerait en guerre totale contre ces societés. Tous ces faits mettent inévitablement la zone sous haute pression et c'est au même moment que l'on apprenait donc qu'un groupe terroriste avait tenté, dans la nuit de vendredi à samedi, de s'attaquer au poste frontalier tunisien, de Sakiet-Sidi-Youcef. La localité, on le sait, est toute proche de l'Algérie et l'on en déduit sans efforts les significations et les risques pouvant découler d'une telle situation. Le vice-ministre de la Défense avait d'ailleurs alerté l'opinion algérienne sur les dangers en cours dans la région appelant à une plus grande vigilance et une mobilisation pour faire échec aux dangers menaçant notre situation interne. Ces propos avaient été perçus comme une véritable alerte d'autant qu'ils intervenaient au lendemain de l'annonce de la découverte de missiles Stinger à El-Oued. Le ministère de la Défense avait informé de cette découverte à travers un communiqué qui faisait également état de la récupération d'un important lot d'armes de guerre et de munitions.