Gourcuff, plus qu'un simple aller sans retour ! Le coach breton des Verts a confirmé la «rumeur» en annonçant aux médias français, quelques instants après avoir quitté Alger, qu'il souhaiterait mettre fin à sa collaboration avec la FAF. Mohamed Bouchama - Alger (Le Soir) - Ce n'était donc pas un poisson d'avril. Gourcuff a mis à exécution ses «menaces» en invitant la fédération de Mohamed Raouraoua à lui chercher un remplaçant. «Oui, je veux partir, ce n'est pas nouveau, je l'ai déjà dit au président de la Fédération (algérienne de football, FAF) au mois de novembre. Mais il a refusé que je parte», a résumé l'ex-driver des Merlus dans une déclaration au journal Le Télégramme. Gourcuff avait, donc, l'intention de partir en novembre dernier, juste après la double confrontation du troisième tour africain pour le Mondial-2018 contre la Tanzanie et le strident 7-0 infligé à Samata et Cie à Blida. Il a ainsi réitéré sa demande cinq mois plus tard suite à une nouvelle large victoire des Verts, cette fois contre l'Ethiopie, dans les qualifications pour la CAN-2017. Le «détail score» n'est pas fortuit même s'il faut rappeler que la «menace» de quitter le navire avait été exprimée lorsque Brahimi et compagnie avaient échoué dans leur entreprise de battre la Guinée (0-2) à Alger, en octobre 2015, la Tanzanie à Dar Es-Salam (2-2) et enfin, l'Ethiopie mardi passé à Addis-Abeba (3-3). Des échecs qui ont «lassé» aussi bien la vox-populi que le président de la FAF en personne. Ce dernier ne semblait, d'ailleurs, pas «étonné» d'entendre Gourcuff lui renouveler sa demande d'une «séparation à l'amiable». «Je ne vais pas aller au conflit», fait savoir le technicien français au Télégramme nuançant ses propos avec cette évidence qui l'obligerait à négocier ladite séparation. «Maintenant quel serait l'intérêt d'une Fédération de garder un sélectionneur qui souhaite s'en aller ?», suggère-t-il encore se basant probablement sur le fait que les Verts ont déjà un pied et demi au Gabon. «Là, l'équipe est pratiquement qualifiée, c'est bientôt la trêve estivale, c'est le moment de partir», estime celui qui évite de lier son départ à d'éventuelles offres même s'il reconnaît «des approches» émanant de clubs de Ligue 1 française. La FAF, à qui Gourcuff reprocherait de ne pas l'avoir protégé lorsqu'il subissait les feux nourris des médias et des critiques d'experts, n'a pas réagi officiellement. Plusieurs responsables approchés se sont refusé à s'expliquer l'escapade du Français. «On n'a rien reçu de la part de Gourcuff. Ce dernier est rentré en France sans laisser apparaître le moindre doute sur son avenir. Il doit revenir à Alger dimanche pour préparer le rendez-vous de juin contre les Seychelles», nous informe un cadre de la fédération. Une «piste» à la sauce italienne S'il est vrai que la fédération n'a rien reçu, document prouvant une intention de Gourcuff de laisser tomber le Club Algérie, elle n'a pas non plus laissé la «rumeur» se retourner contre ses intérêts. C'est même elle qui aurait fuité l'information du départ du Français avant les deux rencontres face à l'Ethiopie. Mohamed Raouraoua qui fait sienne la règle que «nul n'est indispensable» a déjà préparé la succession de «Monsieur 4-4-2 mobile». Et c'est une des «pistes» pour la succession qui lève le secret de polichinelle. Sur les colonnes du très célèbre quotidien italien Corriere dello Sport, Marcelo Lippi annonce que la FAF l'a contacté pour prendre les affaires techniques de la sélection algérienne. «Il y a 15 jours, j'ai été contacté par la FAF. J'ai tout de suite pris attache avec Zinédine Zidane pour lui demander conseil, et il m'a encouragé à vivre une expérience avec la sélection algérienne», a fait savoir Lippi dont le CV ne laisse personne insensible. Champion du monde avec l'Italie en 2006, Lippi (67 ans) également ciblé par la fédération italienne qui lui aurait proposé un poste de DTN, a coaché nombre de clubs huppés en Europe et en Asie. Le dernier team qu'il a eu à diriger était la formation chinoise de Guangzhou Evergrande (2012 et 2014). Inactif depuis qu'il a quitté cette équipe, l'ancien entraîneur de la Juventus semble intéressé par l'offre des Algériens dont «la mentalité méditerranéenne» participe beaucoup à l'inciter à accepter le projet de la FAF qui s'articule notamment sur la qualification au Mondial russe. Une ambition qu'il partage mais qui doit se réaliser sous conditions. D'abord, la confirmation du «départ négocié» de Gourcuff, le Français est tenu de dédommager la FAF en cas de rupture unilatérale du contrat qui le lie jusqu'en juillet 2018, ensuite des négociations portant particulièrement sur le volet financier. C'est vrai que la FAF vit une aisance financière qui fait jalouser l'Etat algérien mais les «honoraires» de Lippi, comme ceux exprimés par Trapattoni lorsqu'il a été approché par la FAF avant le Mondial-2010 et après le Mondial-2014, sont vraiment onéreux. Lippi qui «n'aime pas parler argent» touchait un salaire estimé à 10 millions d'euros par année. Une indemnité qui ne comprend pas les salaires de son staff qui comprend notamment Narciso Pezzotti, son 1er assistant, un entraîneur des gardiens Michelangelo Rampulla, Massimiliano Maddalloni (2e assistant) et Claudio Gaudino (préparateur physique. Du beau monde qui a «l'habitude» d'être chichement rétribué. Si la FAF accepte de prendre en charge leurs émoluments, elle devrait exiger de ce staff à coup de millions d'euros par an un objectif beaucoup plus conséquent que d'aller en phase finale du Mondial-2018, celui de la CAN ayant déjà été conclu par le staff de Gourcuff. Le titre africain ainsi qu'un quart de finale lors de la Coupe du monde en Russie seraient un «minimum syndical garanti». Bielsa pour ne pas se ruiner ! C'est dire, en définitive, que, comme pour les précédents feuilletons, les promesses pompeuses de la FAF accoucheront finalement d'un entraîneur au CV de «débutant» et à l'indemnité plutôt abordable. Les pistes françaises sont, à ce titre, les plus évoquées avec René Girard, Rolland Courbis ou même Elie Baup. Des entraîneurs «casse-croûte» pour une FAF qui refuse l'aide publique mais aimerait bien avoir un manager d'envergure internationale. Des noms comme le coach argentin Marcelo Bielsa ont été cités par les médias. El-Loco qui a mal vécu son aventure méditerranéenne en Cannebière dispose d'un bon CV, s'accommode généralement avec les renforts de techniciens locaux, accepte de négocier ses salaires et ne craint aucun challenge. Ses déboires avec l'O Marseille peuvent toutefois le «remodeler». Bielsa qui avait commencé son expérience marseillaise avec un salaire de 300 000 euros brut par mois, durant la première saison de contrat, a quitté la ligue 1 sur un salaire de 19 000 euros/mois. Ce qui représente le smig pour un entraîneur en exercice dans le championnat de France. Annoncé à la barre technique des Gallois de Swansea, El-Tranquillo, nouveau surnom dont il a hérité depuis son retour à Buenos Aires en août dernier, peut constituer la parade sur le plan technique. Marcelo Bielsa ne viendra pas «détruire» les acquis des Verts sous Halilhodzic et son 4-3-3 ou Gourcuff et son 4-4-2 mobile. L'Argentin adepte du 3-3-3-1 est «ouvert» à toutes les suggestions qu'imposent les éléments dont il dispose dans l'effectif qu'il dirige. L'une de ses citations les plus reprises par les médias français quand il était à la barre technique du club phocéen est : «Vous connaissez ma formule pour défendre ? On court tous. Et puisque courir est une question d'énergie, il est plus facile de défendre que de créer, parce que créer requiert du talent. » Des ingrédients qui ne manquent pas chez les Verts où le rôle des latéraux et des hommes de couloir en général est d'importance. C'est d'ailleurs l'une des explications avancées dans les comparaisons entre le jeu développé par Bilbao sous Bielsa et Marseille sous Bielsa. Un technique qui aime rappeler qu'«une grande équipe doit imposer son jeu, pas s'adapter à l'adversaire.»