Le départ de Gourcuff s'était-il réellement conclu à l'amiable, sans «négociations» et sans incidences financières que le Français devait régler avant de rompre le contrat qui le lie à la FAF jusqu'en juillet 2018 ? La question reste entière dès lors que le face-à-face Raouraoua-Gourcuff n'a duré en tout et pour tout qu'une dizaine de minutes. Un rendez-vous protocolaire, en somme. Mohamed Bouchama - Alger (Le Soir) - Le flou demeure entier concernant cette séparation à l'amiable décidée par le président de la FAF avec le coach français Christian Gourcuff qui demandait à être déchargé des affaires techniques des Verts. Car, si l'aspect juridique a été respecté, Gourcuff ayant déposé officiellement sa démission écrite après avoir sollicité verbalement un départ de la barre technique de la sélection algérienne, la question pécuniaire ne semble pas être formellement éludée. La FAF a-t-elle vraiment «dispensé» Gourcuff du paiement d'une quelconque indemnité dite de dédommagement, ou s'agit-il d'un point dont le contrat signé en juillet 2014 n'en faisait pas cas. Une séparation à l'amiable est, dans le code du travail, codifiée. Cette rupture conventionnelle offre des avantages aussi bien à l'employé qu'à l'employeur. Dans le code du travail français, un salarié, qui sollicite cette voie a plus d'avantages (indemnités plus ou moins égales qu'un licenciement et bénéficie en sus des allocations chômage) alors que l'employeur s'évitera la longue procédure qu'exige un licenciement. Dans le cas de la relation du travail entre Gourcuff et la FAF, les quelques points qui ont «fuité» évoquent la durée du contrat et les objectifs principaux et intermédiaires. Les questions d'argent sont souvent un secret de Polichinelle, les médias ayant annoncé différents chiffres. Si bien que la «rumeur» a convenu d'un salaire moyen de l'ordre de 60 000 euros, mensualité agrémentée de primes liées aux résultats et autres performances de la sélection. Ce chapitre laissé ainsi énigmatique ne semble pas avoir été abordé durant la rencontre qui a eu lieu dimanche matin entre Mohamed Raouraoua et Christian Gourcuff. Pour la plus simple raison que cette «réunion» a duré une dizaine de minutes, selon différentes sources. Si la question devait être abordée, elle devrait être au préalable contractualisée. Et donc devrait faire l'objet de négociations plus minutieuses entre l'employeur ou son représentant et l'employé ou son représentant (avocat conseil dans les deux cas). A moins que le dossier ait été traité samedi soir, quelque temps après l'arrivée de Gourcuff à Alger, la réunion du dimanche matin n'ayant été qu'une formalité protocolaire. Pas de clause libératoire... Nombre de médias s'avançaient sur le droit de la FAF au dédommagement par Gourcuff du préjudice causé par la rupture unilatérale du contrat qui liait Gourcuff à la fédération jusqu'en juillet 2018. Pour ces derniers, l'entraîneur français se devait d'indemniser la fédération de Mohamed Raouraoua. La séparation à l'amiable décidée par les deux parties suppose que la FAF se désiste de ses droits mais aussi de ses devoirs envers Gourcuff, lequel accepte les mêmes détails de ce deal. Ceci dans le cas où la clause de libération, comme pour les contrats des footballeurs, figure dans les documents signés en juillet 2014 par Mohamed Raouraoua et Christian Gourcuff. L'on rappelle juste qu'avant de se présenter officiellement devant les médias algériens, l'ancien driver du FC Lorient avait tout réglé en France. C'est son avocat conseil, Me Didier Poulmaire. Spécialisé dans le droit d'image, Me Poulmaire se présente aussi comme un agent de joueurs (et donc d'entraîneurs) puisqu'il a négocié pas mal de transferts dont ceux de Yohann Gourcuff, le fils de Christian. Ses connaissances dans le «négoce footballistique» ont certainement marqué les discussions entamées par la FAF en mars 2014 pour le recrutement de l'entraîneur Christian Gourcuff. On voit mal l'avocat-agent, qui a vu sa collaboration avec Yohann Gourcuff rompue en novembre dernier, date à laquelle Gourcuff-père demandait (déjà) à être déchargé des affaires techniques des Verts, ignorer de conforter la «position» de Christian Gourcuff devant les négociateurs de la FAF. Cette dernière semblait, en tout état de cause, fragilisée depuis que le technicien breton s'est mis dans la tête l'idée de quitter l'Algérie, désir exprimé depuis novembre dernier. La séparation s'est brutalement produite. Sans dommages ni intérêts ? Pas sûr : Me Poulmaire, qui cherche un repreneur pour l'O Marseille de Margarita Louis-Dreyfus à qui il a présenté la candidature d'un argentier américain, est également dans la course pour «placer» le désormais ex-sélectionneur des Verts à la barre technique de l'OM. Pour l'intérêt de la FAF, il faudrait revenir...