Quatre jours après le tsunami qui a secoué les puissants ordres établis dans d'innombrables places fortes de la politique et de l'économie mondiales, notre ministre de l'Industrie et des Mines, A. Bouchouareb, mis en cause lui aussi par les Panama Papers, a donc répondu, jeudi, à l'invitation de la commission des affaires économiques de l'APN pour s'expliquer sur son implication dans le scandale. Face aux deux élus que sont Smaïn Kouadria, du Parti des travailleurs (PT), et Namane Laouar, de l'Alliance Algérie verte (AAV), Abdeslam Bouchouareb ne s'est pas voulu très prolixe parce qu'il dit préférer se justifier auprès du président de la République auquel il remettra un rapport détaillé «très rapidement». Encore heureux pour ses auditeurs que le ministre ne s'est quand même pas montré totalement muet puisqu'il leur signifiera que ses malheurs de ces derniers jours, il les doit à des parties à l'intérieur et à l'extérieur du pays, des lobbies qu'il a mis à mal, veut-il faire accroire, depuis qu'il s'est assigné le nettoyage du secteur dont il a la charge. Sans vouloir éclairer la lanterne des deux députés, Bouchouareb évoquera, donc, ces parties qui comploteraient contre l'Algérie dont la nouvelle politique industrielle va à l'encontre de leurs intérêts aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Evidemment, certains trouveront que, pour se défendre, notre ministre de l'Industrie n'a pas trouvé mieux que de réinventer le séculaire «complot ourdi par des mains de l'étranger», rejoignant ainsi des grands de ce monde, tels les proches du président russe qui voient en Panama Papers une opération montée de toutes pièces pour nuire à la personne de Vladimir Poutine, ou d'autres encore qui ont commencé par nier toute implication, à l'instar du Premier ministre anglais David Cameron, avant d'avouer dans une interview à la chaîne de télévision ITV, jeudi qu'il a détenu dans le passé des parts dans le fonds offshore de son père aux Bahamas. On rappellera que lundi dernier, au lendemain du début du flot de révélations des Panama Papers, et eu égard à l'ampleur prise par les accusations contre Abdeslam Bouchouareb, la Compagnie d'études et de conseil (CEC), à laquelle le ministre a confié la gestion de son portefeuille, a affirmé par le biais d'un communiqué transmis à l'APS qu'elle était à l'origine de l'initiative de création de la société «Royal Arrival Corp» destinée à la gestion du «patrimoine privé» de M. Bouchouareb, mais cette société «n'a jamais été active» et le ministre «ne possède aucun compte bancaire». Et puis, précise également la CEC, dès qu'il a appris la constitution de la Royal Arrival Corp, M. Bouchouareb a immédiatement demandé de geler toute utilisation de cette société. L'ouverture du compte bancaire auprès de la filiale genevoise de National Bank of Abu Dhabi n'a, de ce fait, pas été concrétisée, affirme la CEC en insistant sur l'ordre donné par M. Bouchouareb de geler cette société tant qu'il était ministre. En attendant le désormais fameux rapport qu'il réserve exclusivement au président de la République, il faut croire que le début d'explication fourni par Abdeslam Bouchouareb, jeudi, n'a pas eu tellement le don de remettre en cause les convictions chez toute une population de nos internautes, à travers les réseaux sociaux, convaincue que les accusations révélées par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) méritent que la justice y planche. Un autre débat.