Presque rien ne les réunit sauf le métier pour lequel ils donnent tout ce qu'ils ont dans les tripes. Ni l'âge, ni le parcours de footballeur encore moins l'envergure. L'un est déjà au sommet de son art alors que le second, plus jeune de 20 ans environ, ne fait qu'entamer l'œuvre pour devenir entraîneur professionnel affirmé. Demain, les deux hommes vont devoir s'affronter, chacun depuis son banc, pour s'offrir une première consécration personnelle. Bouzidi aime son quartier d'enfance, Hussein-Dey, et Amrouche en fait autant pour Bab El-Oued. Deux lieux cultes pour deux clubs cultes. Le NAHD a marqué l'histoire par l'immense réservoir de ses talentueux footballeurs et le MCA a le nom et le terroir. Demain sera un autre jour à écrire dans l'histoire du football algérien. M. B. Youcef Bouzidi L'enfant du quartier vise le sacre l Youcef Bouzidi espère remporter la Coupe d'Algérie de football pour la première fois de sa carrière d'entraîneur, demain au stade du 5-Juillet lorsque son équipe le NA Hussein Dey affrontera le MC Alger en finale de la 52e édition de l'épreuve populaire. «Je serai très heureux si on parviendrait à gagner le trophée dimanche. Je suis un enfant d'Hussein Dey et mon objectif est de procurer de la joie à tous les amoureux du club», a affirmé le coach des «Sang et Or». Le Nasria s'est qualifié pour la finale après 34 ans d'attente. Il s'agit de la 5e finale de l'histoire du club après celles de 1968, 1977, 1979 et 1982. «Je ne vous cache pas que je suis un peu stressé et c'est tout à fait normal. Nous sommes à la veille d'une grande finale face au MCA, j'espère seulement que le fair-play triomphera et que le meilleur gagne», a-t-il ajouté. Arrivé à la barre technique du NAHD au milieu de la phase aller en remplacement d'Abdelkader Iaïche, limogé, Bouzidi a réussi à remettre l'équipe sur de bons rails, en compagnie de l'enfant prodige du club Bilal Dziri, qui a retrouvé le NAHD 20 ans après l'avoir quitté pour l'USM Alger en 1995. «Je pense que nous méritons amplement d'atteindre la finale, vu que nous avons eu le privilège d'écarter, entre autres, le tenant du trophée le MO Béjaïa, de surcroît chez lui. L'appétit vient en mangeant, tout le monde se met à rêver du coup, ce qui constitue une pression supplémentaire sur les joueurs et le staff technique», reconnaît encore l'entraîneur. Bouzidi appréhende énormément cette pression «supplémentaire» qui pourrait se répercuter négativement sur ses joueurs, à 48 heures de la finale. «En me baladant dans les différents fiefs du NAHD, j'ai remarqué un engouement sans précédent chez toute la population qui rêve du trophée, ce qui constitue à mon sens une pression supplémentaire qu'il faudra gérer», a-t-il souligné. L'aspect psychologique sera «déterminant» pour désigner le vainqueur, estime Bouzidi, qui va axer son travail sur ce volet, à l'occasion du stage de son équipe qui a débuté jeudi à l'hôtel d'El-Biar, sur les hauteurs d'Alger. Bouzidi, qui compte deux quarts de finale de coupe en tant que joueur au NAHD, a parlé de «performance de taille» le fait d'atteindre la finale avec son équipe de toujours. «Une finale ne se joue pas tous les jours, il s'agit donc d'une performance de taille. Maintenant, il faudra aller chercher ce trophée même si les deux équipes partiront à chances égales. Nous sommes en train de nous préparer en conséquence pour remporter la coupe, j'espère qu'on parviendra à soulever le trophée», a conclu le technicien. Lotfi Amrouche Une revanche sur le sort l Parti pour assurer l'intérim, l'espace d'un match de championnat, Lotfi Amrouche ne savait pas qu'il allait vivre une aventure inédite aux commandes techniques du MC Alger, le club de ses premiers amours pour lequel il a joué depuis les jeunes catégories jusqu'aux seniors, et à qui il rêve d'offrir un huitième trophée de coupe d'Algérie à l'occasion de la finale face au NA Hussein Dey. Entraîneur des moins de 18 ans au cours de l'exercice passé, Amrouche, l'ancien défenseur du MCA (2000-2004), est promu directeur technique des catégories jeunes en début de saison actuelle en remplacement de Boualem Laroum. Ce diplômé de l'Institut supérieur des sciences et technologie du sport d'Alger, ne souhaitait pas un meilleur scénario que celui qu'il vit actuellement pour débuter sa jeune carrière d'entraîneur dans le haut niveau. «Dans ma tête, j'allais diriger le MCA lors du match en déplacement face à l'ASM Oran après le départ de Meziane Ighil, mais la confiance que m'avait accordée l'ex-président du club, Achour Betrouni, m'a conforté. En tant qu'enfant du Mouloudia, je ne pouvais pas tourner le dos à mon club de toujours, même si je savais d'avance que j'allais prendre un risque en dirigeant une équipe de l'envergure du Doyen où la pression est quotidienne», reconnaît Amrouche. Le jeune technicien de 38 ans va vérifier la difficulté de la mission dès ses premiers matchs en championnat. Son manque d'expérience lui a peut-être joué un mauvais tour, puisqu'il court toujours derrière sa première victoire en Ligue 1. Cela a coûté aux Vert et Rouge de se retrouver dans le ventre mou du classement. Pis, avec un match en plus, les gars de Bab El-Oued ne sont pas à l'abri d'une mauvaise surprise à la fin de saison, eux qui comptent seulement cinq points d'avance sur le premier relégable, le RC Relizane. Par contre, le parcours d'Amrouche avec ses protégés en coupe d'Algérie contraste complètement avec celui du championnat. La preuve : le vieux club de la capitale est à 90 minutes (voire un peu plus) d'un huitième sacre par lequel il égalera l'ES Sétif et l'USM Alger, les formations les plus titrées dans cette épreuve populaire. Il est vrai, estiment les observateurs, le parcours des Mouloudéens en coupe n'a pas été semé d'embûches. Avant l'arrivée d'Amrouche, ils ont hérité de deux formations de divisions inférieures (inter-régions pour l'USM Oran et amateur pour l'US Biskra), alors que sous la coupe du successeur d'Ighil, ils se sont mesurés une seule fois à une formation de l'élite (RC Relizane), et en quarts et demi-finales, ils n'avaient pas eu de peine pour passer l'écueil de deux autres équipes du quatrième et troisième paliers (respectivement ARB Ghriss et US Tébessa). Mais Amrouche estime que cela n'enlève rien au mérite des siens, «d'autant plus que la logique n'a souvent pas été respectée en coupe», se défend-il. Pour autant dire, le jeune patron technique du Doyen croit dur comme fer en sa bonne étoile. Son manque d'expérience dans ce genre de rendez-vous n'est pas fait pour le démotiver. «Ça va se jouer sur de petits détails. L'aspect psychologique sera déterminant. Le fait d'avoir réussi récemment une très bonne prestation dans le derby algérois contre l'USM Alger, en parvenant notamment à revenir au score après avoir été menés par deux buts à zéro, devrait constituer le déclic qu'on recherchait depuis un bon bout de temps», rassure encore le natif de Bab El-Oued. N'ayant pas réussi à s'imposer dans l'effectif du MCA en tant que joueur, puisqu'il avait été souvent remplaçant, Amrouche veut prendre sa revanche sur le sort à sa manière. «C'est surtout pour nos supporters que je veux gagner ce trophée. En tant qu'enfant d'un fief du Mouloudia, je connais bien la valeur de cette coupe pour nos fans, surtout que l'équipe les a déçus en championnat», conclut le jeune technicien sur qui la pression monte crescendo à l'approche du jour «J».