Nouria Benghebrit ne porterait-elle pas le coup de grâce à la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) déjà quelque peu ébranlée par la défection de Jil Jadid et son hibernation, en panne d'idées et de perspectives qu'elle est ? M. Kebci - Alger (Le Soir) - Maintenant qu'elle est amputée de l'un de ses membres, Jil Jadid, qui vient d'en claquer la porte, c'est l'avenir de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) qui suscite les interrogations. Surtout que la guéguerre par médias interposés entre deux de ses membres importants, le RCD et le MSP, au sujet de la ministre de l'Education nationale, risque de lui porter le coup de grâce tant le duo est visiblement arrivé à terme d'une cohabitation que le différend idéologique profond ne pouvait prolonger et perdurer indéfiniment. Déjà qu'il arrive péniblement à maintenir le rythme infernal imposé par le pouvoir, contrainte qu'elle est à faire plus dans la réaction que l'action, ce conglomérat hétéroclite mis sur pied dans la dynamique du boycott de la dernière élection présidentielle, se voit ébranlé par cette défection. Car, ses autres membres ont beau répliquer que cette défection de Jil Jadid, ce petit poucet, né juste au début 2011, n'est pas de nature à influer sur cette dynamique consensuelle inédite d'une partie importante de l'opposition, mais elle constitue à ne point douter ce fameux grain de sable qui risque de gripper la machine et de retarder, si ce n'est de remettre carrément en cause, tout le travail mené en communion depuis des mois pour inverser le rapport de force d'avec le pouvoir à même d'amener ce dernier à se mettre autour d'une table pour discuter autour de l'option de la transition démocratique. Il faut dire que la perspective des prochaines élections, surtout législatives devant intervenir en mai 2017, est pour beaucoup dans cette défection. Surtout que Soufiane Djillali soupçonne le MSP et le RCD, les deux poids lourds de la Coordination, de nourrir des velléités de renouer avec l'option participationniste au processus électoral. Et c'est lui-même qui le soutient, estimant dans un entretien qu'il nous a accordé, avant-hier lundi, que ce duo refusait à chaque fois de discuter de l'option d'une position commune, au cas où le pouvoir n'accéderait pas à la revendication d'une instance indépendante de supervision des élections. Il y a aussi le refus obstiné du MSP à s'entendre sur le refus de tout contact en solo avec le pouvoir, ce que, son président a, par ailleurs, fait, en rencontrant notamment Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet du président de la République, rencontre que le président de Jil Jadid soutient n'avoir jamais avalée. Mais le risque de l'implosion ne vient pas que de la défection de Jil Jadid. Il pourrait surgir du différend idéologique et éminemment doctrinal entre le RCD et le MSP, les deux fers de lance de la CNLTD. Deux partis qui, s'ils ont pu faire abstraction, chacun de son identité politique, pour les besoins d'un projet commun, celui d'une transition démocratique à même de dépasser le système actuel dont le départ est réclamé par toute l'opposition, n'ont pas tardé à s'y «ressourcer» tout récemment. Et le scandale des fuites du bac n'a pas été pour maintenir encore longtemps cette «impasse doctrinale» puisque aussi bien le MSP que le RCD n'ont pas tardé à afficher publiquement leur différend stratégique. Car, si le président du MSP, qui n'a jamais lâché la ministre de l'Education nationale qu'il accuse de franciser l'école et de faire la traque de l'éducation islamique, de remise en cause de l'identité nationale, pour lui tranchée depuis belle lurette, a mis à profit ces fuites généralisées des sujets du bac pour réclamer carrément sa tête, son homologue du RCD s'est inscrit totalement à l'opposé. Mohcine Belabbas n'a pas, en effet, hésité à «disculper» Nouria Benghebrit de cette opération «commandée, organisée et bien étudiée» qui «ne visait pas que la ministre, mais l'Etat dans sa globalité». Une sortie qui n'a pas plu à Abderezzak Mokri qui s'est aussitôt interrogé sur ce soutien des «laïcs de chez nous», allusion on ne peut plus claire au RCD, son allié au sein de la CNLTD, à la ministre de l'Education nationale. Autrement dit, Benghebrit aura été cet élément qui aura contraint le MSP et le RCD à se déterminer, chacun, selon son orientation idéologique, car toute position commune des deux partis à ce sujet aura été une «monstruosité» doctrinale tant le duo diverge fondamentalement au sujet du système éducatif. Alors, la ministre de l'Education portera-t-elle le coup de grâce à une CNLTD ébranlée par la défection de Jil Jadid mais, surtout, en mal de perspectives ?