Comme il fallait s'y attendre, les débats à l'APN, hier, autour des projets de lois organiques relatifs au régime électoral et à la Haute Instance indépendante de surveillance des élections étaient chauds. L'opposition dénonce lesdits textes au moment où les députés de l'allégeance, à quelques nuances près, le soutiennent. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Certes, la tension n'était pas de la nature ayant prévalu lors des débats autour du projet de loi de finances 2016, mais au vu des avis des uns et des autres, diamétralement opposés, il n'est pas exclu que la séance de jeudi prochain consacrée à l'adoption de ces deux projets de lois soit un remake de celle du 30 novembre dernier. C'est en tout cas ce que promettent les députés de l'opposition, ceux qui ont décidé de s'impliquer dans les débats, exception faite de ceux du FFS qui ont décidé de bouder ces débats. Au cas où, soutient Youcef Khababa, du Mouvement Nahda, «les nombreux amendements que nous ne manquerons pas de proposer en commission ne seraient pas pris en considération». Car, poursuivra-t-il, «il s'agira pour nous de montrer au gouvernement que nous ne faisons pas que nous opposer et que nous avons notre propre vision de ces projets et de bien d'autres». Et puis, ajoutera-t-il, il sera question de démontrer que «nous ne fuyons pas le débat contrairement à ce que les partisans du pouvoir distillent ici et là». Et à Namane Laouer du MSP de n'exclure aucune option le jour du vote de ces deux projets de lois, la concertation entre tous les parlementaires de l'opposition pour une probable action commune se poursuivant. Le FFS boycotte Sauf que le FFS a tranché, décidant de bouder ces débats pour ne pas cautionner la démarche du pouvoir visant la poursuite de la «judiciarisation du politique et dans la fuite en avant autoritaire dans l'aggravation de la crise nationale». C'est ce qui ressort d'une déclaration lue, juste à l'entame de ces débats, par le chef du groupe parlementaire du parti dans le hall de l'hémicycle Zighoud-Youcef. Pour Chaffaâ Bouaïche, le pouvoir, via ces deux projets de lois organiques, «ne fait que ruser et pousser le pays à l'effondrement», lui qui, depuis 2011, ne parle, pourtant, que de «réformes démocratiques». Et d'étayer son constat par la multiplication des «émeutes qui ont vu émerger et s'installer dans la durée des violences intercommunautaires, se renforcer des mouvements séparatistes» en sus de «l'explosion de phénomènes de corruption impunis» et de «l'éclatement de violentes polémiques publiques mettant en cause des responsables institutionnels». Les députés du FFS accusent, par ailleurs, le pouvoir de «violer les lois et d'utiliser le deux poids deux mesures dans l'application du droit en fonction des allégeances», devenant «le premier pourvoyeur de désordre dans le pays», de «donner un tour de vis autoritaire en recyclant ses vieilles recettes et ses clientèles coutumières de la fraude et des coups de force contre une véritable représentation sociale et politique des Algériens». Et de conclure à «l'inutilité de s'attarder dans la dénonciation répétitive et stérile d'un système de fraude, dont les instruments résident essentiellement en amont: dépolitisation brutale et délibérée de la société sur des années, élaboration de lois électorales sur mesure, contrôle du fichier électoral, dispositif d'encerclement médiatique et d'intimidation de l'électorat et / ou des représentants des candidats, rôle de l'argent sale, partialité de l'administration, orientation du vote des corps constitués». Les articles de la discorde Parmi les dispositions de la discorde de ce projet de loi organique portant régime électoral, celle obligeant les partis n'ayant pas pu avoir 4% des voix exprimées dans une circonscription électorale donnée ou moins de dix élus, lors des dernières élections locales, de récolter pas moins de 50 paraphes pour chaque siège à pourvoir dans la même circonscription électorale. Pour ce qui est des élections législatives, le nombre de signatures requises au cas où un parti n'a pas eu 4% des suffrages exprimés lors des dernières législatives ou 10 élus locaux dans la même circonscription électorale, est de 250 pour chaque siège de député à pourvoir. Des dispositions (articles 73 et 94) que l'opposition qualifie «d'anticonstitutionnelles et de discriminatoires, en ce sens qu'elles «remettent en cause le multipartisme et consacreront la fermeture du champ politique au seul bénéfice du duo du pouvoir». Plus que cela, ces dispositions portent aussi un coup fatal à l'action politique en elle-même en ce sens qu'elles remettent en cause le droit à un parti de boycotter un scrutin, comme le fera remarquer Laouer. Pour les députés des partis du pouvoir, ces dispositions participeraient à, entre autres, «mettre fin au nomadisme politique» et «assainir la scène politique». Ceci même si certains d'entre eux ont exprimé le souhait de voir ces deux dispositions applicables à partir d'une certaine échéance électorale bien déterminée pour donner de la chance aux nouveaux venus sur la scène politique de s'y préparer en conséquence, comme le soulignera Lyes Saâdi du FLN qui, par ailleurs, ne voit pas d'inconvénient à revoir le seuil de 4% et le porter à 7% «avec plus de prérogatives aux maires».