Par Malika Boussouf [email protected] Il est des jours comme ça où lorsque je fais la rencontre de quelqu'un qui me parle de l'Algérie comme j'aime qu'on le fasse, je me dis que c'est sans doute parce que je préfère évoluer dans un contexte en apparence serein que devoir me rassurer sur l'avenir. Il faut dire que les drames qui se déroulent régulièrement, et dans un coin à chaque fois différent de la planète, sont loin de réconforter, à l'exception des malades qui ont opté pour un moyen aussi radical de rompre avec la vie. Et comme autour de nous, les choses évoluent plutôt calmement au niveau sécuritaire, je me surprends à prier sourdement pour que cela dure, au moins le temps que les Algériens réapprennent à regarder le futur d'une façon plus enjouée. Du coup, on comprend mieux pourquoi il n'y a rien d'étonnant à préférer entendre conjuguer l'héroïsme algérien au passé qu'insulter le présent ou imaginer l'avenir de manière aussi déroutante. Il y a quelques jours, j'ai parcouru, avec autant d'intérêt que de plaisir, une contribution que j'ai trouvée aussi belle qu'émouvante. Nous sommes nombreux, lorsque nous parlons de l'Algérie, à le faire avec amour, fierté et complaisance. Mais comment ne pas l'être quand on sait tous les sacrifices consentis par nos aînés pour que l'on en soit là à nous interroger sur le mieux à faire qui nous rendrait dignes de leur abnégation? Il sont si peu nombreux ceux qui, par les temps qui courent, se demandent encore si le jeu en valait la chandelle ! Mais comment renoncer à croire en une capacité algérienne à affronter le pire, quand les choses tournent au vinaigre et que l'on se retrouve dos au mur ? Je ne dis pas cela par chauvinisme parce que, même si cela était, je n'aurais pas à m'en excuser, mais parce qu'évoquer la guerre de libération aura toujours de quoi largement forcer le respect. Pas seulement grâce aux témoignages de ceux des nôtres qui ont survécu à la guerre et n'en ont raconté qu'une infime partie. Il faudra penser, un jour, à élever au rang de justes tous ces autres qui, pour avoir contribué à notre indépendance, nous rappellent ponctuellement le courage et la bravoure des disparus.