La peine prononcée le 11 juillet dernier par le tribunal de Sidi-M'Hamed à l'encontre du journaliste Mohamed Talmat a été confirmée hier à la Cour d'Alger, lors du procès en appel. Condamné à deux ans de prison ferme assortis de 200 000 DA d'amende pour «outrage à corps constitué» et «offense au président de la République», Mohamed Talmat a surtout dénoncé les conditions de sa détention. D'abord à la prison d'El Harrach puis à Kolea, en dehors de la juridiction d'Alger. «C'était pour empêcher mes avocats de me voir», a-t-il déclaré. Il n'y a pas eu débat sur le fond de ses écrits ou ce qu'il a comme preuves pour l'appuyer. Le tribunal s'est contenté de lui poser des questions générales sur les sujets traités dans sa page Facebook à propos de plusieurs hauts responsables et de leurs proches. C'est le texte consacré à Bouteflika qui a valu à Mohamed Talmat la requalification des faits en «offense au président de la République». Les avocats de Mohamed Talmat, Me Amine Sidhoum et Me Bachir Mechri ont estimé dans leurs plaidoiries qu'il y a un flagrant vice de forme, que le parquet a corrigé en poursuivant Mohamed Talmat pour offense au chef de l'Etat. Me Sidhoum a expliqué dans sa plaidoirie que c'était pour couvrir l'arrestation arbitraire et l'emprisonnement de son client, parce que les poursuites pour outrage à corps constitué ne prévoient pas une peine de prison. Mohamed Talmat, 42 ans, animait à partir de Londres où il est résident une page Facebook dans laquelle il brocardait des responsables algériens et des membres de leurs familles. Il a été arrêté par des éléments du DRS avant d'être présenté devant la justice. Ses avocats n'ont ainsi pas manqué de noter que ce service de sécurité a été dissous et celui créé sur ses décombres n'a pas la qualité de police judiciaire pour l'arrêter et l'interroger.