Le premier colloque international placé sous le thème «Les assises de la Soummam, 60 ans après, quelles leçons ?» s'est ouvert jeudi en présence d'une foule nombreuse à Thiniri, dans la commune historique d'Akfadou (Béjaïa). Organisée par la commune d'Akfadou en partenariat avec l'Assemblée de wilaya de Béjaïa, le Forsem de Lyon (Forum de solidarité euroméditerranéenne) et Med Action d'Akbou, la rencontre a enregistré deux jours durant, jeudi et vendredi, la participation de plusieurs chercheurs en histoire, des témoins, des acteurs qui ont pris part au Congrès de la Soummam le 20 août 1956. Le bureau local d'Akfadou de l'ONM et le bureau de wilaya de l'ONM, l'association Colonel Oulhadj et sa famille ainsi que celle de Abane Ramdane ont pris part aussi à ce rendez-vous avec l'histoire visant à éclairer à travers un débat tous les points sombres en relation avec cette date phare dans le combat libérateur du pays. Gilbert Meynier, Gilles Manceron, Dalila Aït Djoudi, docteur en histoire militaire et études de défense, Ali Guenoun, docteur en histoire, ainsi que Hamou Amirouche de l'université de San Diego sont autant d'historiens qui ont répondu présents à ce rendez-vous. D'autres personnalités à l'image de Hend Saâdi ont assisté à la rencontre. L'ouverture et l'introduction générale du colloque ont été assurées dans la matinée de jeudi par Dalila Aït Djoudi et Tahar Khalfoune. Après l'ouverture protocolaire par le P/APW, le maire d'Akfadou et les différents partenaires dans l'organisation de l'évènement, une gerbe de fleurs a été déposée au carré des martyrs de cette municipalité chargée d'histoire, quatre portraits officiels de Abane Ramdane, Larbi Ben M'hidi, Krim Belkacem et le colonel Amirouche ont été inaugurés avant de laisser place à des témoignages émouvants d'anciens combattants de la région. Intervenant à l'ouverture Mehenni Haddadou, maire d'Akfadou, note que cette première expérience dans sa commune «laissera des traces puisque les actes du colloque seront publiés» tout en se félicitant «de la réussite de l'événement» avant d'annoncer l'organisation en partenariat avec Med-action un deuxième colloque prochainement à Akbou, Akfadou et Béjaïa sur la Révolution. De son côté, Hocine Smaïli, président de Med-Action Algérie partenaire dans l'organisation de la manifestation indique que «par devoir de mémoire et en perpétuant la tradition du forum citoyen initié depuis l'année 2010, notre association continuera périodiquement à mettre sous les feux de la rampe des thèmes d'actualité en relation avec l'histoire de l'Algérie, la citoyenneté, la culture du dialogue et de la paix et le brassage inter-méditerranéen». Dans l'après-midi de jeudi, le contexte politique du Congrès de la Soummam a été abordé par Gilbert Meynier (professeur émérite, université de Nancy II) sous le thème «Algérie 1956: enterrement du politique et paroxysme de la violence». Belaïd Abane (politologue et professeur des universités en médecine, Paris), est intervenu sur le thème «la primauté soummamienne du politique sur le militaire : d'Ifri au Caire, une vie éphémère». Belaïd Abane s'est arrêté sur un aspect «très important et d'actualité». «C'est cette primauté du politique sur le militaire, un concept inventé par Abane lors du congrès de la Soummam et qui l'a fait chauffé avant le congrès de la Soummam, appliqué pendant le congrès de la Soummam et qui va avoir une vie éphémère. J'ai parlé de vie éphémère car au fait, la primauté du politique sur le militaire va avoir une année de vie», note Belaïd Abane dans son intervention. Et d'expliquer «née à la Soummam le 20 août 1956, la primauté du politique sur le militaire va mourir le 20 août 1957 à la réunion du CNRA du Caire. C'est cette primauté du politique et de l'intérieur sur l'extérieur qui ont porté Abane au sommet du pouvoir pour devenir l'un des membres les plus influents de la direction de la révolution si ce n'est le membre le plus influent. Lorsque l'équation a été inversée, c'est-à-dire la primauté du militaire installée à l'extérieur c'est la marginalisation de Abane qui va conduire en droite ligne vers son assassinat », soutiendra dans son intervention le conférencier. Gilles Manceron (historien, responsable du groupe de travail «Mémoire, histoire, archives» de la Ligue française des droits de l'homme, Paris) a développé une autre thématique portant sur «Conceptions, définitions, débats sur la nation algérienne en France et en Algérie durant la période coloniale et la guerre d'indépendance». Tahar Khalfoune (universitaire IUT Lyon 2, docteur en droit public) clôturera la première journée sur «L'impact de l'histoire commune sur la construction des deux pays». «L'histoire commune de 132 ans et qui s'est poursuivie après l'indépendance a, d'un côté, influencé la construction de l'Algérie qui s'est faite sur le modèle français mais en opposition à la France mais comment la France s'est construite en miroir de l'Algérie», tel a été le fond de la problématique du texte présenté par Tahar Khalfoune lors de cette rencontre. Dans la matinée d'hier vendredi, Jean-Charles Jauffret (professeur émérite, IEP Aix-en-Provence) a animé une conférence sur «Les appelés français en guerre d'Algérie en 1956». Dalila Aït Djoudi (docteure en histoire militaire et études de défense, enseignante à Toulon), a parlé de «l'Armée de Libération nationale algérienne et ses transformations politico-administratives après le congrès de la Soummam». De leur côté, Hamou Amirouche (université San Diego, Californie), Abane et Ali Guenoun (docteur en histoire) sont intervenus respectivement autour des thèmes suivants : «Rassembleur et artisan du congrès de la Soummam», «Les cadres de la Wilaya III historique et la direction de la guerre après le Congrès de la Soummam». Le colloque s'est clôturé dans l'après-midi d'hier par des visites guidées au musée de la Soummam à Ifri et l'ancien quartier général du colonel Amirouche, Wilaya III historique au village de Mezouara (Akfadou).