Le Parc des Grands-Vents d'Alger revient au-devant de la scène avec fracas, comme à l'accoutumée. Or, cette fois-ci, ce n'est pas le bruit du vent des Emiratis qui devaient y investir 5 milliards de dollars avant de renoncer au projet. Mais plutôt l'attribution illégale de 60 hectares à des privés algériens. Lyas Hallas -Alger (Le Soir) - C'est le ministre de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, Abdelouahab Nouri, qui l'a dénoncé avant-hier à Tipasa. Il a révélé que 65 sur les 1 059 hectares du Parc des Grands-Vents, communément Dounia, conçu pour être le «poumon» de la capitale, ont été distribués dans l'illégalité et la clandestinité. Abdelouahab Nouri a indiqué que «des gens se sont arrogé le droit de distribuer des parcelles de terrains illégalement et illicitement. Pis, de manière clandestine pour que l'opinion publique ne le sache pas. Au-delà d'une petite minorité qui se compte sur les doigts d'une main, personne ne sait ce qui se passe à l'intérieur du parc». «96 attributions dont 40 pour fast-foods !» s'est-il offusqué. En effet, le ministre a expliqué que «les attributaires ont été encouragés à lancer des travaux sans permis de lotir ni permis de construire». Et de conclure : «C'est un crime au sens propre du terme.» Abdelouahab Nouri n'a pas cité l'autorité qui a attribué ces parcelles de terrains à l'intérieur du parc Dounia ou si son ministère compte saisir la justice pour déterminer les responsabilités dans ce dossier qui risque d'éclabousser d'anciens responsables du secteur. Dans ce contexte, il convient de rappeler que le projet du Parc des Grands-Vents a été lancé au début des années 2000. Il devait abriter, entre autres, des hôtels de luxe, des centres commerciaux et de loisirs, des logements de haut standing, un terrain de golf, un centre équestre et des jardins. Les Emiratis d'EIIC (Abou Dhabi), qui bénéficiaient de l'œil bienveillant du Président Bouteflika, ont ainsi promis d'investir environ six milliards de dollars. Mais, ce parc, prévu sur une superficie de près de 800 hectares dont 170 devant abriter des projets immobiliers, n'a jamais dépassé le stade des annonces faites à coups d'onéreuses campagnes publicitaires. Ainsi, un premier différend a opposé les Emiratis au gouvernement au sujet de la source de financement du projet. Les partenaires d'Abou Dhabi voulaient contracter des crédits auprès des banques algériennes mais, les autorités algériennes ont refusé. Le problème a été aplani une première fois en 2011 sur injonction de Bouteflika et le gouvernement Ouyahia a concédé à EIIC le privilège de pouvoir emprunter localement dans la limite de 100 milliards de dinars (environ 1,2 milliard de dollars au taux de change de l'époque). En 2013, sous le gouvernement Sellal, le ministre Amara Benyounès a ouvert une partie du parc au public, veillant à préciser que les Emiratis n'avaient pas abandonné le projet. Mais, ces derniers n'ont montré aucune volonté d'aller au bout du projet. Leur projet tel que conçu par Bloom n'a pas dépassé la phase des études. L'arrivée d'Amar Ghoul au ministère du Tourisme n'a pas boosté le projet. L'ancien ministre des Travaux publics a plutôt invité les communes qui se partagent le parc à s'impliquer dans son exploitation en prenant en charge l'entretien, l'équipement et la gestion de cet espace. Son successeur, lui, qui n'a pas communiqué sur l'avenir de ce parc et les projets qu'il devait abriter, crie désormais au scandale.