L'opposition libanaise maintenait la pression de la rue avec un rassemblement pr�vu samedi, dans l'attente d'une annonce imminente du pr�sident syrien Bachar al-Assad, somm� par la communaut� internationale de retirer ses troupes du Liban. Alors que le pays est paralys� depuis six jours par une crise, apr�s la d�mission du gouvernement pro-syrien d'Omar Karam� sous la pression de l'opposition, les protagonistes attendent de conna�tre les intentions syriennes au Liban pour d�cider des consultations sur la formation du prochain cabinet. Un des t�nors de l'opposition, Walid Joumblatt, s'est rendu de fa�on inopin�e vendredi apr�s minuit � Kowe�t pour une tourn�e de consultations aupr�s de pays arabes et amis, qui le m�nera ensuite en Arabie saoudite et en Russie, a-t-on appris de son entourage. La tourn�e de M. Joumblatt, d�put� druze et chef du Parti socialiste progressiste (PSP) qui r�clame le retrait des troupes et des services du renseignement syrien du Liban, intervient sur fond d'unanimit� arabe pour un tel retrait. Les dirigeants saoudiens ont m�me somm� jeudi le pr�sident Assad de retirer rapidement ses troupes du Liban, avertissant que dans le cas contraire les relations entre Ryad et Damas en p�tiraient. Le m�me son de cloche est venu de Moscou o� le vice-ministre syrien des Affaires �trang�res Walid al-Mouallem a r�v�l� l'annonce prochaine d'un plan de retrait des troupes syriennes du Liban. Selon le responsable syrien, le plan s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l'accord de Ta�f, conclu en 1989, et qui pr�voit un red�ploiement des troupes syriennes vers la plaine de la B�kaa, dans l'est du Liban, avant un �ventuel retrait n�goci� par les gouvernements de Beyrouth et Damas. Le quotidien al-Nahar souligne que l'image du Liban de demain est tributaire de l'option retenue par la Syrie. M. Assad doit prononcer samedi en fin d'apr�s-midi un discours devant les d�put�s syriens dans lequel il devrait annoncer un repli des troupes syriennes au Liban. Pour al-Nahar, Damas a trois options. La premi�re est le retrait total et imm�diat comme le stipule la r�solution 1559 du Conseil de s�curit� de l'Onu — qui donnera naissance � un nouveau pouvoir et permettra la tenue d'�lections loin des pressions syriennes. La deuxi�me est un red�ploiement vers la B�kaa selon l'accord de Ta�f, suivi d'une n�gociation syro-libanaise sur la dur�e et les effectifs des troupes syriennes au Liban. Cette solution aboutirait au maintien du statu quo et � des �lections � l'ombre des Syriens. La derni�re option consiste en un repli sur la B�kaa et l'annonce d'un calendrier pour un retrait total, avec la fin d'une intervention dans les affaires politiques du Liban. Le pr�sident am�ricain George W. Bush a d'ores et d�j� �nonc� ses exigences, � savoir un "retrait complet" avant les �lections d'avril, et le pr�sident fran�ais Jacques Chirac a r�clam� "l'application, pleine, enti�re et imm�diate" de la 1559. La presse libanaise s'est fait l'�cho de tractations en cours sur une aide de l'Onu pour �viter un vide apr�s un retrait syrien du Liban. Un porte-parole du d�partement d'Etat, Richard Boucher, a indiqu� vendredi que les Etats-Unis se sont entretenus avec la France et les Nations unies sur les mesures � prendre pour "aider le gouvernement et le peuple libanais � avoir un gouvernement qui dispose du contr�le politique et s�curitaire sur l'ensemble du pays". La pression de la rue n'a pas faibli depuis l'assassinat le 14 f�vrier de l'ex-Premier ministre libanais Rafik Hariri. Une manifestation est pr�vue en d�but d'apr�s-midi sur la place des Martyrs, au cœur de Beyrouth, pour r�clamer la "v�rit�" sur cet assassinat. Cette place, qui abrite la tombe de Hariri, est devenue un lieu de p�lerinage et de ralliement d'un mouvement de contestation dont le mot d'ordre est "La Syrie dehors!". Plusieurs milliers de jeunes manifestants ont converg� vendredi soir, comme chaque soir, vers la place pour allumer "les bougies de l'espoir" dans la "marche vers l'ind�pendance".