Le président syrien Bachar Al-Assad a annoncé un retrait de ses troupes du Liban «dans les prochains mois». L'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais, Rafik Hariri, continue de servir d'abcès de fixation aux capitales occidentales, notamment les Etats-Unis, qui ont trouvé l'opportunité pour mener une lutte sans relâche contre les «bases arrières du terrorisme» en territoire syrien. Accusé de toutes parts au lendemain de l'attentat du 14 février, Damas a rejeté en bloc toutes les accusations, aussi bien concernant sa responsabilité dans l'attentat contre Hariri que celle de l'attentat de Tel-Aviv. Dans cette atmosphère empreinte de confusion généralisée, l'opposition libanaise qui avait appelé au départ du gouvernement Karamé et des forces syriennes, a durci mardi ses positions contre le pouvoir, tandis que les consultations pour la désignation d'un nouveau Premier ministre tardaient. L'opposition, qui maintient la mobilisation dans la rue, fait de la découverte des assassins de l'ancien Premier ministre une priorité. Pour l'opposition libanaise, le départ d'Omar Karamé ne serait que la première étape du départ du régime «pro-syrien». Pour précipiter le processus, les députés de l'opposition ont tenu mardi soir une réunion pour décider de leur participation aux consultations avec le président de la République Emile Lahoud pour la désignation d'un nouveau Premier ministre, tel que prévu par la Constitution. Tout le temps à l'affût de la moindre occasion pour mettre son grain de sel et par la même prendre le devant de la scène, l'un des ténors de l'opposition, le druze Walid Joumblatt, a monté les enchères. «Il est préférable que le président Lahoud s'en aille, qu'on en finisse avec ce régime et que l'on tourne une nouvelle page dans les relations libano-syriennes». «Nous allons voir s'il faut participer à ces consultations ou s'il est préférable de les boycotter», a-t-il ajouté. Alors que les Etats-Unis et la France renforcent leurs pressions sur la Syrie pour l'amener à mettre fin à sa présence au Liban, le président syrien Bachar Al-Assad a annoncé un retrait de ses troupes du Liban «dans les prochains mois». Le président du Parlement, Nabih Berri, a indiqué mardi que le chef de l'Etat attendait que les principaux blocs parlementaires se réunissent pour fixer les audiences aux députés. Mais, selon des sources proches de l'opposition, cette dernière veut imposer des tâches précises au nouveau gouvernement. Elle a appelé à un «gouvernement transitoire neutre» qui serait capable d'obtenir le retrait des 14.000 soldats syriens jusqu'à la plaine de la Békaâ avant les élections législatives prévues en mai. Ce gouvernement devrait avoir la capacité de limoger les principaux chefs des services de renseignement libanais, que l'opposition accuse d'être les instruments du régime syrien, selon les mêmes sources. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice et le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, ont appelé, dans un rare communiqué commun, au retrait immédiat et complet des 14.000 soldats syriens encore présents au Liban. Mme Rice a en outre accusé le régime syrien d'être un instrument de déstabilisation au Proche-Orient et un obstacle à l'instauration de la démocratie. Sur le terrain, plusieurs centaines de jeunes campent près de la sépulture de Hariri, sur la place des Martyrs, devenue le centre de la contestation populaire. Y campent toutes les nuits et sont rejoints par plusieurs milliers, d'autres personnes le soir. Une mobilisation pacifique qui prend chaque jour davantage d'ampleur et qui risquerait dans les tout prochains jours d'inverser la vapeur en faveur de l'opposition.