Le ministre de l'Energie, Noureddine Bouterfa, pour qui un prix du baril du pétrole oscillant entre 50 et 60 dollars arrange bien les affaires de l'Algérie, a estimé qu'il sortira de la réunion des membres de l'Opep à Alger avec un accord ou ne serait-ce que les éléments d'un accord en vue de la stabilisation du marché. Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - Dans une conférence de presse organisée hier au siège du ministère de l'Energie, le ministre Noureddine Boutarfa a indiqué que les pays producteurs de pétrole sont d'accord pour agir en vue de la stabilisation du marché. Reste à savoir, a-t-il souligné, les questions techniques et de calendrier qui seront abordées dans la réunion de l'Opep prévue demain à Alger. Bouterfa a ainsi expliqué que «la concertation qui s'ouvre dans ce forum entre producteurs et consommateurs a pour but de stabiliser le marché». «Si les prix poursuivent cette tendance à la baisse, ils vont bloquer les investissements et d'ici quelques années, les gisements et les installations en place ne pourront pas satisfaire la demande. Cela provoquera une flambée des prix qui plombera de nouveau la croissance de l'économie mondiale et mettra les pays consommateurs dans une situation beaucoup plus inconfortable. Nous allons œuvrer ensemble pour un prix équitable qui ne pénalise pas les producteurs, lesquels perdent actuellement entre 300 et 500 millions de dollars par jour, et qui assurera l'offre à moyen terme», a-t-il esquissé. Dans ce contexte, le ministre de l'Energie s'est félicité du crédit dont dispose l'Algérie auprès des pays producteurs : «L'Algérie a de bonnes relations avec tous les pays producteurs de pétrole lesquels attendent beaucoup d'elle pour rapprocher les points de vue. Nous allons travailler pour que la réunion d'Alger soit un franc succès.» Il a estimé que les pays de l'Opep sont condamnés à prendre une décision ici à Alger. «Tout est envisageable à l'issue de cette réunion. Le gel du niveau de la production comme l'éventualité de réduction de l'offre. Personne ne peut prédire ce qui va se décider», a-t-il affirmé. Le ministre de l'Energie a noté que si un consensus se dégage lors des discussions, le caractère informel de la réunion n'empêche pas qu'elle se transforme, séance tenante, en réunion extraordinaire pour formaliser un accord. «L'Algérie va mettre à profit ses bonnes relations avec les membres de l'Opep et également de la Russie et assumer pleinement son rôle de facilitateur. En tout cas, il y aura une décision à prendre à Alger», a-t-il affirmé. Et d'ajouter : «Si les membres de l'Opep optent pour la réduction de l'offre, c'est tant mieux, sinon le gel de la production à son niveau actuel est aussi satisfaisant. Puisque nous n'avons rien jusque-là. Nous ne sommes sortis de la réunion de Doha avec aucune orientation», a-t-il projeté. Optimiste quant à une issue favorable de cette réunion, Bouterfa a révélé qu'il s'agit plutôt de s'entendre sur la formule qui convienne à tout le monde concernant le niveau du gel et le calendrier de sa mise en œuvre : «La situation n'est plus soutenable pour personne. Nous avons fait part de notre proposition aux membres de l'Opep et nous espérons qu'ils vont privilégier l'intérêt général parce que si nous ne sortons pas, ne serait-ce qu'avec les éléments d'un accord, je ne veux même pas imaginer les répercussions sur le marché.» Selon les calculs de Bouterfa, un prix oscillant dans une fourchette allant de 50 à 60 dollars convient à l'Algérie : «L'actuelle offre de l'Opep (33,4 millions de barils/jour) est excessive. Chacun va exposer sa vision lors de la réunion et nous sortirons avec une formule consensuelle. En tout cas, aucun pays n'aimerait brader ses richesses d'autant qu'aucune compagnie pétrolière ne peut résister très longtemps avec un prix en dessous de 50 dollars.» Il convient enfin de signaler que le forum se déroulera sur deux jours, demain et après-demain, et verra, outre la réunion informelle des membres de l'Opep, l'organisation de quatre sessions plénières et deux tables rondes qui aborderont différents thèmes : situation actuelle du marché du pétrole et du gaz, énergies renouvelables et efficacité et sécurité énergétiques. Il sera aussi marqué par la présence des ministres de l'Energie des pays producteurs, Opep et non-Opep, ainsi que par ceux des pays consommateurs, à l'image de la ministre française Ségolène Royal et les managers de compagnies pétrolières comme Total et Shell.