L'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie a communiqué hier les résultats de son enquête nationale sur la prévalence de l'usage du tabac, de l'alcool et des autres drogues en milieu scolaire. Des résultats qui ne sont pas des plus rassurants... Naouel Boukir – Alger (Le Soir) – Avant de présenter les statistiques auxquelles a abouti cette enquête, il y a lieu de préciser l'échantillon pris par cette étude et ses caractéristiques. L'échantillon représentatif est de l'ordre de 12 103 élèves répartis sur 240 classes de CEM et 186 classes de lycées à travers 46 wilayas des 48. Effectuée du 17 au 21 avril dernier, l'étude s'est portée sur un questionnaire anonyme de près de 120 questions afin d'analyser toutes les facettes psychologiques et socioéconomiques de ce fléau. Evidemment, les élèves concernés ont été interrogés sans la présence de leurs professeurs, responsables administratifs ou une quelconque connaissance. Et ce, pour éviter que leur état d'esprit ou leurs réponses ne soient influencés par ces derniers. Dans un constat préliminaire, il en ressort de manière flagrante que le cannabis est la drogue «la plus populaire» 3,61% auprès des adolescents âgés de 15 à 17 ans. Ce taux est de 2,72% pour les trois groupes d'âge constitués : moins de 15 ans, 15-17 ans et plus de 17 ans. La drogue qui suit celle-ci dans le classement est l'ecstasy 1,09%. Toutefois, ce sont les psychotropes qui occupent la deuxième place avec 2,28%. Ce qui est plus inquiétant, c'est que 6,6% des élèves optent pour une consommation variée de plusieurs substances et que 62% des consommateurs de cannabis sont parallèlement consommateurs de tabac et d'alcool. Arrêt sur analyse, quels facteurs explicatifs de ces résultats ? Le cannabis est sans secret une drogue «bon marché» et de plus en plus accessible ces dernières années. Pour ce qui est des psychotropes, il existe tout un marché, voire un réseau informel détournant les médicaments de leur fonction médicale. Puisque, faut-il le rappeler, ce n'est pas ces substances en soi qui sont interdites. La problématique réside dans l'utilisation illicite de substances licites. Un phénomène plus complexe à contrôler. Le DG de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, Mohamed Abdouh Benhalla, parle «d'un constat alarmant puisque la première prise de cannabis, entre autres, concerne des adolescents de plus en plus jeunes». C'est pourquoi cette enquête a pour objet «d'affiner notre politique de lutte qui devra impliquer les ministères de l'Education, de la Santé, de l'Intérieur ... et d'autres institutions au regard des enjeux de ce phénomène ». D'ailleurs, l'enquête en question a été réalisée en collaboration avec le MedSpad (Mediteranean School Survey Project on Alcohol and other drugs) du Groupe Pompidou intergouvernemental. MedSpad, qui concerne les pays méditerranéens qui en sont membres, met à la disposition de ces derniers «une méthodologie et un questionnaire standards qu'ils devront relativement adapter à leurs enquêtes au niveau local pour ce qui est de la consommation de l'alcool et de la drogue en milieu scolaire», a expliqué Salah Abdennouri, consultant auprès du Groupe Pompidou. Evidemment, cette coopération régionale mais aussi européenne permettra d'établir des analyses comparatives avec les autres pays et d'harmoniser les politiques de lutte contre ce fléau. A ce titre, la consommation de tabac, alcool et drogues en milieu scolaire algérien est moins importante que celle enregistrée par le Maroc en 2013, cependant plus forte qu'en Tunisie. Mais pour savoir si la proximité avec le Maroc et l'échec scolaire en sont les principaux facteurs explicatifs, il faudra attendre les lectures approfondies des résultats de cette étude qui ne sont aujourd'hui qu'à niveau d'analyse préliminaire.