A la faculté des sciences de l'information et de la communication de l'Université Alger 3, l'ancien «malgache» et ancien ministre des Finances Mourad Benachenhou a invité les étudiants à prendre des initiatives pour prendre leur destin en main. Dans une conférence donnée hier à l'amphithéâtre Nelson Mandela de la faculté des sciences de l'information et de la communication de l'Université Alger 3, l'ancien du ministère de l'Armement et des Liaisons générales (MALG) et ancien ministre des Finances sous le gouvernement de Réda Malek, Mourad Benachenhou a appelé les étudiants à prendre des initiatives pour se frayer des chemins. Il a souligné : «L'œuvre d'Abdelhafid Boussouf à la tête du MALG était la mobilisation de milliers de cadres et de jeunes instruits au service de la Révolution. Mais, quand bien même il a veillé à la formation de beaucoup d'entre eux, et vu l'insuffisance des moyens dont il disposait, il n'a pas assuré des stages à tout le monde dans de grandes écoles. Nous nous sommes débrouillés avec le peu de moyens que nous avions pour apprendre». Et d'ajouter : «Nous avons appris à combattre au combat !». Mourad Benachenhou est ainsi intervenu dans le débat, qui a suivi sa conférence intitulée «Le rôle de l'élite dans la Révolution de Novembre 1954», pour répondre aux étudiants qui s'interrogeaient sur les perspectives qui s'offrent aux élites en Algérie et les conditions qui les poussent à l'exil à la recherche d'une vie meilleure. En effet, l'ancien «malgache» a estimé que le rôle des jeunes instruits était déterminant dans le cours de la Révolution et ensuite dans la bataille de la construction du pays. Il a expliqué que le fait que ces cadres aient trouvé des places ici en Algérie à l'indépendance revient à leur nombre dérisoire. «Le nombre de cadres à l'indépendance était dérisoire comparativement à aujourd'hui où l'Algérie compte près d'un million et demi d'étudiants et près de dix millions élèves scolarisés dans les différents paliers de l'éducation nationale», a-t-il noté. Et d'insister sur la nécessité de prendre des initiatives. «N'attendez pas tout de l'Etat ! Aucun Etat au monde n'est en mesure de tout assurer à ses citoyens, y compris les Etats-Unis d'Amérique qui sont en mesure d'imprimer des dollars pour subvenir à leurs besoins», a-t-il martelé.Dans sa conférence, Mourad Benachenhou est revenu sur les étapes par lesquelles sont passées les élites nationalistes, remontant jusqu'à 1830 où les Algériens bénéficiaient d'un système éducatif basé sur la gratuité et financé par l'exploitation de biens habous (commerces, terres agricoles etc.). Un système dont les médersas qui étaient, à titre d'exemple, au nombre de 36 à Alger et 22 à Tlemcen, constituaient son cycle supérieur. «La majorité des Algériens savaient lire et écrire en 1830, contrairement aux assertions de l'époque qui les présentaient comme des illettrés. C'était une population alphabétisée en arabe et suffisamment éduquée. Or, la conquête française a abouti à l'effondrement de ce système, démantelé délibérément par le régime colonial qui a interdit l'enseignement de la langue arabe. Mais cela n'a pas empêché la création d'écoles clandestines et l'émergence d'intellectuels. Aussi, une minorité d'Algériens qui disposait de moyens a fait les écoles françaises et une élite francophone a commencé à se constituer à partir de la fin du 19e siècle. Et ce sont ces noyaux qui ont favorisé la prise de conscience du peuple algérien et la cristallisation de son projet national», a-t-il indiqué en susbstance.