Prévue initialement le 17 décembre prochain, la réunion du Conseil exécutif du Forum des chefs d'entreprises (FCE) devrait se tenir aujourd'hui, a-t-on appris des membres de cette instance. Les convocations, a-t-on ajouté, ne précisent pas l'ordre du jour de la réunion mais, il y a fort à parier que l'actuel président du FCE y déposera sa démission. L'incident protocolaire survenu lors de l'ouverture du Forum africain de l'investissement, organisé la semaine dernière, aura provoqué une onde de choc ressentie aussi bien au sommet qu'au plus profond de l'Etat. Et le président du FCE, à l'origine de cet incident, devrait en faire les frais. En effet, le Forum africain de l'investissement a été un fiasco sur le plan de la communication. L'anecdotique avait pris le dessus sur l'essentiel lors de ce rendez-vous prévu pourtant pour mieux soigner l'image de marque du pays. Et les observateurs n'auront retenu finalement que l'arrogance avec laquelle le président du FCE avait piétiné les règles protocolaires, poussant les membres du gouvernement présents à quitter les lieux et, de ce fait, faisant notamment de l'Algérie la risée médiatique du continent. Intronisé à la tête de l'organisation patronale il y a deux ans, au début du quatrième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, Ali Haddad avait été légitimé dans sa forte position par sa proximité avec les cercles essentiels de décision. En tout cas, Réda Hamiani, qui a passé sept ans à la tête de l'organisation, avait été poussé à la démission à l'issue d'une crise interne provoquée par le refus de certains chefs d'entreprises de s'aligner sur la candidature du président Bouteflika. Ainsi, Ali Haddad, qui avait pris à sa charge de porter les revendications libérales du patronat, avait entretenu l'image d'un homme d'action qui se démarque de son prédécesseur Réda Hamiani, porté plutôt sur la réflexion et la proposition. Son intronisation triomphale à la tête du FCE, lui qui ne cachait plus sa connexion avec les grands décideurs, s'était traduite par des «actions» inhabituelles pour les chefs d'entreprises en Algérie. On le voyait annonçant des décisions et des mesures qui relèvent des ministres qu'il rencontrait à tour de rôle pour leur faire part des doléances les plus pressantes du patronat. Ce faisant, il empiétait allègrement sur les prérogatives des uns et des autres, y compris sur le domaine de compétences du Premier ministre. Comme si le gouvernement était à sa solde. C'est ce qui l'a, peut-être, encouragé à pousser le bouchon trop loin et griller ainsi la politesse au ministre des Affaires étrangères lors du Forum africain de l'investissement. Il convient, enfin, de noter que les statuts de l'organisation stipulent que la démission du président de l'organisation doit être notifiée lors d'une réunion regroupant les membres du Bureau exécutif (BE) et ceux du Conseil d'orientation stratégique (COS). Instances qui décideront alors des modalités de l'intérim pendant la période de vacation lesquelles seront validées par l'assemblée générale (AG). Mais, le désaveu du gouvernement dont les membres, présents au Forum africain organisé au Centre international des conférences (CIC) à Club-des-Pins, ont quitté la salle dès la prise de parole par Haddad, expliquerait-il amplement le lâchage d'Ali Haddad ? Le doute est permis, selon des sources concordantes.