Pourquoi ce désintérêt, cette nonchalance de la part des autorités locales affichés à l'égard des sacrifices des héros de la révolution qui continuent à créer de l'amertume et de la rancœur au sein de la famille révolutionnaire ? Les deux chahids Haddad Tayeb et Hadfi Ammar, deux chefs de l'ALN, sont un exemple parmi tant d'autres à travers le pays. En effet, les deux chefs révolutionnaires de la région de Tazbent, qui dépendait de la première Wilaya Aurès-Nemmamchas, ont été capturés au début de 1957 par les forces de l'occupant français au lieudit Henchir ouled Saâd (Tazbent). Torturés, massacrés, émasculés devant leurs familles puis jetés dans une grotte qui datait de l'époque romaine par des soldats français, pour être enterrés sous les décombres et la pierraille romaine, a-t-on appris de sources sûres auprès des proches des deux chahids qui ont vécu la scène. Excédés par le silence coupable des autorités locales et de la structure concernée vis-à-vis de l'histoire héroïque des deux chefs révolutionnaires mise aux oubliettes, des récentes révélations viennent de mettre fin à une énigme qui a duré plus d'un demi-siècle. Un des proches vient de révéler la localisation des deux cadavres, il a précisé «personne n'osait se rapprocher de ce lieu qu'on disait piégé par l'occupant qui a placé plusieurs mines afin d'empêcher les familles des deux victimes de récupérer les corps dans le but d'éviter d'en faire des héros et de célébrer leurs obsèques pour ne pas constituer des moments de propagande pour la cause nationale». Rappelons que le hameau de Tazbent, qui relève de la daïra de Bir-Mokadem distant de 30 km à l'ouest du chef-lieu de la wilaya, souffre toujours de l'enclavement. Il fut durant la guerre de libération une de ces citadelles témoins des sacrifices de ces héros qui ont donné leur vie pour la libération de la nation du joug colonial. Tazbent, ce douar berbère, compte le plus grand nombre de martyrs de la révolution dans la wilaya de Tébessa. Les familles des deux chahids et tout l'arch des Ouled Ounallah, qui appartiennent à la tribu des Nemmamchas, sollicitent les autorités concernées, à leur tête l'Organisation nationale des moudjahidine, et lancent un appel officiel au ministre des Moudjahidine pour les aider à déterrer les corps des deux chouhada et de les inhumer comme il se doit.