La ministre de l'Education fait marche arrière devant la pression des élèves et décide du réaménagement du calendrier des vacances scolaires d'hiver. Prévues initialement du 22 décembre au 2 janvier, les vacances d'hiver ont été fixées du 20 décembre au 8 janvier prochain. Les élèves, ayant soulevé plusieurs mouvements de protestation dans plusieurs wilayas, bénéficieront de dix-huit jours de repos. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Benghabrit cède une nouvelle fois à la pression. Après le calendrier des examens du bac, c'est sur le calendrier des vacances que la ministre de l'Education nationale cède. En novembre, le ministère de l'Education nationale avait affiché le nouveau calendrier des examens du bac. Les candidats au bac devaient passer leurs épreuves durant quatre jours au lieu de cinq jours. La machine de la réforme du système de l'éducation est censée avoir été lancée. Ce changement n'a pas été du goût des élèves. Des mouvements de grève commençaient à s'organiser. Début décembre, avant que la protestation ne prenne de l'ampleur, la ministre de l'Education avait annoncé le retour à l'ancien calendrier. Le bac se déroulera en cinq jours et non en quatre jours. Un recul ? Nouria Benghabrit avait affirmé que non. Elle a déclaré avoir répondu à une préoccupation et au stress des élèves qu'elle trouvait justifié du fait que les campagnes de sensibilisation n'ont pas été entamées à temps. Le changement du calendrier des examens n'était pas le seul au programme. La ministre de l'Education, qui veut revenir aux normes internationales en matière de semaines de cours, avait décidé de réduire les jours des vacances d'hiver. D'autant que les élèves ont bénéficié d'une semaine de vacances pendant le mois de novembre dernier. Les élèves devaient partir en vacance du 22 décembre au 2 janvier. Ainsi, les 32 semaines de cours seront assurées pendant l'année scolaire. Il y a une semaine, à la fin des examens du premier trimestre, des mouvements de grève commençaient à s'organiser dans certaines wilayas. Les élèves demandaient le retour à l'ancien calendrier des vacances, à savoir 15 jours de repos. Il y a deux jours, le mouvement avait pris de l'ampleur. Des élèves sont sortis dans la rue à Constantine, Annaba, Béjaïa et autres wilayas. Le mouvement de grève se transforme en violents affrontements entre les élèves et les forces de l'ordre. Surprise : hier, la ministre de l'Education nationale annonçait sur sa page Facebook un réaménagement du calendrier des vacances. «En ce qui concerne les vacances d'hiver de l'année scolaire 2016-2017, un réaménagement a été opéré pour cette année. Les vacances commencent aujourd'hui, 20 décembre, jusqu'au dimanche 8 janvier 2017», a posté le ministère de l'Education. « Nous n'avons pas voulu laisser le mouvement de protestation prendre davantage d'ampleur, il y a eu des infiltrés au sein des élèves qui ont commencé à saccager et à casser des établissements et des institutions, nous n'avons pas voulu laisser ces éléments porter plus de préjudice aux établissements scolaires et la commission chargée du suivi de ce dossier a décidé de ce nouveau calendrier», nous indique-t-on au ministère de l'Education. Les élèves semblent avoir tout compris : la pression finit toujours par donner les résultats voulus. «C'est une erreur de céder aux caprices des élèves», selon le Snapest Le coordonnateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) qualifie de dramatique et de catastrophique la décision du ministère de l'Education. «Pourquoi se précipiter sur une décision pour ensuite se précipiter à son annulation ?», s'interroge-t-il. Meziane Meriane est catégorique : «Il ne faut pas céder aux caprices des élèves.» Selon lui, avec ce nouveau recul, les élèves n'hésiteront pas, dans la prochaine étape, à revendiquer la fameuse aâtaba (le seuil des cours à réviser pendant les examens, supprimé avec l'arrivée de Benghabrit à la tête du département de l'éducation). «Le gouvernement va droit dans le désordre, la prochaine étape, ils vont demander la aâtaba. Il faut réfléchir avant de prendre une décision et lorsqu'une décision est prise on n'a pas le droit de se justifier devant les élèves», estime Meziane Meriane qui a précisé que le partenaire social n'a pas été associé ni à la décision du premier calendrier des examens du bac ni à la décision de la réduction des jours de vacances d'hiver. Les directeurs des établissements et les enseignants qui n'ont pas encore finalisé les conseils de classes et les bulletins scolaires, dit-il, sont pris au dépourvu. Le CLA (Conseil des lycées d'Algérie), de son côté, estime que le mouvement de grève des élèves est légitime. Cependant, dit Idir Achour, «c'est malheureux que l'on recule sous la pression. Elle a pris des décisions unilatérales et voici ce qu'elle récolte». «Trois semaines de cours déjà perdues durant ce premier trimestre» L'Association des parents d'élèves estime que le ministère de l'Education aurait dû rester sur sa première décision. A savoir dix jours de repos pour les élèves. Khaled Ahmed explique que les élèves ont déjà perdu trois semaines de cours durant ce premier trimestre. «En comptabilisant la semaine de vacances accordée le mois de novembre, les dix jours de grève de l'Intersyndicale et les fêtes religieuses où les élèves n'ont pas eu cours, on trouvera qu'ils ont perdu au total trois semaines de cours», a souligné le porte-parole des parents d'élèves. Il qualifie la décision de la ministre de l'Education de «sage» du fait que cela ne donnera pas l'occasion au mouvement de grandir ; toutefois, souligne-t-il, ce ne sont pas toutes les wilayas qui ont connu ces mouvements de protestation.