Entre la Kabylie, la wilaya de Tizi-Ouzou pour être plus précis, et les élections quelles qu'elles soient, l'histoire n'a jamais été des plus passionnantes, hormis peut-être lorsqu'il s'agit des élections locales, et encore ! Et, à jeter un œil sur la configuration politique qui y prévaut à quelques mois du rendez-vous pour le renouvellement de la Chambre basse du Parlement, on ne peut vraiment pas croire que Tizi-Ouzou soit près de se débarrasser de sa position de dernier de la classe quant au taux de participation. Si, habituellement, même les appels à la mobilisation de l'électorat partisan n'ont trouvé qu'un écho symbolique qui permettait de se partager la quinzaine de strapontins à l'Assemblée nationale, avec une prédominance, évidemment, pour l'un ou l'autre des deux partis les plus présents sur la carte politique de Kabylie – FFS et RCD – et parfois des accessit qui ne se refusent pas pour le FLN et le RND, notamment lorsque l'un ou l'autre de ces deux partis «traditionnels» décidait d'opter pour le boycott de l'élection, il est fort à s'attendre pour le prochain scrutin législatif que le petit creuset de voix qui vont s'exprimer soit l'objet d'une dispersion jamais aussi manifeste. Plus qu'une simple spéculation, l'éparpillement à grande échelle des voix auquel l'on doit s'attendre trouve sa première explication dans cette passe pour le moins pénible que traversent les deux partis qui parvenaient à mobiliser leurs militants et sympathisants. Le RCD comme le FFS doivent, en effet, composer avec les conséquences de leurs problèmes respectifs liés à la rupture de ban, avec grand fracas, ayant eu pour auteurs, l'un comme l'autre, des figures de proue dans la direction des deux partis, Nordine Aït Hamouda pour le RCD et Rachid Halet au FFS. Deux têtes de pont du genre qui mobilisent au sein de la base qui, il faut le dire, a été sujette à une certaine désaffection déjà avant ces turbulences, tant au fil des années les déceptions politiques, et les ambitions de certains, ont atteint des seuils qui, d'ailleurs, ont valu aux deux partis les mieux implantés en Kabylie une certaine concurrence de la part et du FLN et du RND qui, d'ailleurs, comptent dans leurs rangs nombre de transfuges du RCD et du FFS. Une donne qui a eu plus que jamais auparavant son effet sur la carte politique de la wilaya de Tizi-Ouzou où, autre conséquence, l'activisme partisan s'est réduit considérablement jusqu'à faire dire à certains que «la Kabylie est rentrée dans les rangs» tellement le débat politique s'est réduit à sa plus simple expression, la plupart du temps ne dépassant guère les travées de l'APW. Une espèce de vide dont, en plus du FLN et du RND qui ont su tirer profit de la discipline de leurs militants pour maintenir un brin de vie politique en leur sein, l'autre partie à avoir su tirer des dividendes est le MPA d'Amara Benyounès qui, depuis son entrée sur la scène, a su prendre tout son temps pour se constituer une base militante à même de troubler la quiétude des partis qui comptent un plus grand nombre de militants certes, mais, apparemment, pas mieux armés en convictions. Une réalité, pour ne pas dire une nouvelle carte politique, qui risque de donner lieu à une tout autre issue à la course à la députation, bien que, d'ici là, bien des soubresauts pourraient donner un nouveau cours à la vie politique dans une wilaya où les discours ne «branchent» plus, la réalité socioéconomique ayant fait d'achever beaucoup parmi les plus attachés aux revendications politiques pour orienter leurs préoccupations sur la survie, hormis les irréductibles du Mouvement autonomiste. Ils ont donc gros à perdre, le RCD et le FFS, dans ce nouveau test que constituent les prochaines législatives. Plus qu'un test d'ailleurs, c'est une grande partie de leur crédibilité que ces deux partis jouent désormais. Crédibilité remise en cause dans une très grande mesure par les «accointances» avec les islamistes pour le RCD, que des militants et partisans de la première heure n'ont pu agréer, et les errements des héritiers de feu Hocine Aït Ahmed depuis déjà avant la disparition de ce dernier, comme lors des premiers troubles induits par le «retrait» de l'ex-premier secrétaire du parti, Karim Tabou. Ainsi, en dehors de la constante que constitue le peu d'engouement que suscitent (susciteront ?) les législatives auprès des inscrits sur les listes électorales, l'autre fait majeur auquel il y a tout lieu de s'attendre a trait au profil de la représentation de la wilaya à l'APN. Au point où il ne relèvera même pas de la surprise...