Encore une fois, les élections législatives du 4 mai prochain ne dérogeront pas à la règle tout comme lors des précédents scrutins de l'ère pluraliste au vu de la bataille que se livreront les deux façades partisanes du pouvoir, le FLN et le RND avec, en arrière-plan, les élections présidentielles du printemps 2019. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - Au-delà de certains face-à-face, dont un fratricide puisque devant opposer les deux frères Benhamadi, eux qui devront piloter, chacun, les listes du FLN et du RND à Bordj-Bou-Arréridj, le duo servant de façade politique au pouvoir prolongera sa guerre sourde et larvée à la campagne électorale pour les législatives du 4 mai prochain dont elle servira vraisemblablement de tremplin pour le rendez-vous de 2019. Et cette guéguerre entre ces deux frères ennemis était tout simplement appelée à être des plus «pimentées» à l'occasion de ce scrutin seulement si Ammar Saâdani n'était pas débarqué de la tête du FLN de la même manière qu'il a été intronisé comme secrétaire général de l'ex-parti unique. Car le prédécesseur de Djamal Ould-Abbès s'est illustré, presque le long de son règne à la tête du FLN, par ses attaques récurrentes contre le secrétaire général du RND et ceux qui étaient derrière. Il était allé jusqu'à l'accuser d'infidélité au président de la République puisque, selon lui, nourrissant des velléités présidentielles. Des accusations auxquelles Ahmed Ouyahia a opposé une presque indifférence, lui qui était, il est vrai, occupé à reprendre et asseoir son règne à la tête du parti. Seulement, le départ de Saâdani de la tête du FLN, s'il a baissé la tension n'a pas pour autant dissimulé le contentieux entre les deux partis du pouvoir. Car le directeur de cabinet du président de la République a mis à profit cette transition à la tête du FLN pour relancer la polémique mais sur un tout autre terrain. C'est ainsi que Ouyahia soutenait détenir des dossiers compromettants sur l'intrusion de l'argent sale dans la politique et les élections, ce qu'il dira combattre de toutes ses forces. Une accusation à peine voilée à l'encontre du frère ennemi puisque Ould-Abbès fait de la lutte contre le fléau de la chkara qui gangrène le vieux front un de ses chevaux de bataille. Un secrétaire général du FLN qui a saisi l'accusation du patron du RND et lui a répliqué sèchement, soutenant «ne permettre à personne, quel que soit son rang au sein de l'Etat, de toucher au FLN ou à ses militants» et que «la chkara n'aura aucune place avec moi ». Aussi, Ould-Abbès ne tient-il pas à avertir son alter-go du pouvoir quant à toute velléité de lui nuire lors de la campagne électorale pour les législatives du 4 mai prochain. «Nous, le FLN, n'avons ni ennemi ni adversaire sur la scène politique. Nous allons mener une campagne électorale civilisée. Nous respecterons tout un chacun parmi nos concurrents. Mais celui qui se permettra de nous agresser, qu'il sache que nous possédons des munitions lourdes que nous n'hésiterons pas à utiliser», déclarait-il il y a une dizaine de jours, à l'occasion de l'installation de la commission électorale du parti au niveau de la wilaya d'Alger. Une guéguerre qui a pour enjeu véritable les élections présidentielles du printemps 2019 que le duo ne perd pas de vue. Et pour cause, lors de sa première sortie médiatique en tant que patron de l'ex-parti unique, Ould-Abbès n'avait-il pas évoqué un cinquième mandat pour le président de la République, comme pour baisser de l'ardeur de Ouyahia à briguer la succession. Et ce, avant de «se reprendre» quelques jours après, certainement «rappelé à l'ordre», pour assujettir cette éventualité à la volonté du concerné, à savoir celle du chef de l'Etat au vu de son état de santé.