Ils sont presque tous partants pour les prochaines élections législatives. Si pour les partis du pouvoir et ceux agissant à sa périphérie, cela relève d'une «routine» et d'une «évidence» qui n'ont pas besoin «d'argumentaire cossu», pour ceux de l'opposition, surtout ceux ayant fait montre d'une farouche opposition ces dernières années, il fallait trouver les «raisons » à même de justifier leur participation. Ne manquera cet rendez-vous, du moins officiellement jusqu'à présent, que Jil Jadid qui a annoncé la bouderie de cette consultation électorale dans l'attente que le parti des Avant-gardes des libertés et le Parti des travailleurs se déterminent, eux qui semblent s'accorder encore un temps de réflexion avant de se décoder. Ceci même si le parti que préside Ali Benflis paraît plus proche du boycott que de la participation alors que celui que dirige Louisa Hanoune n'enfreindra pas la règle participationniste qui a été la sienne. Mohamed Kebci ILS PARTICIPENT Engagement et disponibilité au Front el Moustakbal Le Front el Moustakbal prendra part aux prochaines élections législatives. Son président l'a annoncé samedi. «Le Front el Moustakbal a participé aux législatives de 2012 alors qu'il n'avait que deux mois d'existence. Aujourd'hui, il est désormais mieux structuré, plus organisé et plus disposé pour s'engager dans les prochaines élections», a soutenu Abdelaziz Bélaïd au cours d'un meeting populaire à Guelma. Pour lui, les catégories de la société doivent assumer leur «responsabilité historique de mettre le train Algérie sur sa véritable voie politique et économique, loin de la dépendance excessive à l'égard de la rente pétrolière». Et d'inviter, dans ce sillage, le peuple à faire le bon choix de ses représentants aux assemblées élues et à éviter de tomber dans le piège des «promesses alléchantes» de certains partis. M. K. RCD : «pour une visibilité et une présence en ces moments de congélation politique» Le RCD était pratiquement le premier parti de l'opposition à annoncer sa participation aux prochaines élections législatives. C'était le 7 octobre dernier quand le conseil national avait avalisé ce mot d'ordre, rappelant avoir «souvent opté pour une participation aux élections pour «avoir une visibilité et une présence dans un moment de doute et de congélation politique qui ne laissait pas d'autre alternative et pouvoir porter sur le terrain le projet démocratique et donner les réponses justes et adéquates aux revendications citoyennes qui existent dans notre bilan et parcours», et ce, «malgré les abus, les désinformations et les provocations brutales visant le parti». Une participation, donc, par contrainte, avec l'objectif de «construction d'un rapport de force par l'essentiel de l'opposition qui avait adopté une plate-forme qui fixe les principes et les instruments d'une telle démarche, n'étant pas atteint, même s'il tiendra à mentionner «qu'une alternative au chaos programmé par l'autoritarisme et la politique d'exclusion en vigueur existe». Ceci non sans rappeler «avoir fait tout ce qui est en son pouvoir et des moyens dont il dispose pour aller plus loin dans l'organisation de la pression sur le pouvoir afin de l'amener à l'inscrire dans un tel agenda». M. K. FFS : participer pour «vulgariser» le consensus national Le FFS inscrit, pour sa part, sa participation, annoncée samedi dernier, à l'issue d'une session ordinaire de son conseil national, par son souci de «redynamiser» son projet de «reconstruction nationale qui avait, pour rappel, suscité le refus et les réserves de la classe politique dans son ensemble». Avec, donc, l'opportunité qu'offre la campagne électorale pour ces législatives prochaines à l'effet de «mobiliser les citoyens, la société civile et tous les acteurs du changement, autour du projet de reconstruction du consensus national pour sortir le pays de la crise», comme l'a signifié le premier secrétaire national du vieux front. Pour Abdelmalek Bouchafa, il s'agira pour les militants du parti de d'exploiter la prochaine campagne électorale pour «assurer le succès» de cette participation, en «approfondissant» le débat dans l'espace public, et en «tirant profit» de l'accès aux médias durant cette campagne, à travers la sensibilisation pour créer «une dynamique citoyenne» afin de «créer le changement» et «refonder l'Etat sur la base du droit et des principes démocratiques». «Cette fois-ci, nous ne proposerons pas à la classe politique et aux acteurs associatifs une feuille blanche mais bel et bien une page remplie par le peuple que nous aurons à approcher à l'occasion de ces élections législatives», a encore expliqué Mohand-Amokrane Chérifi, membre de l'instance présidentielle du FFS. M. K. MSP : «pas d'autre idée que participer» Le MSP n'enfreindra pas la règle qui a de tout temps été la sienne en optant pour la participation aux élections législatives du printemps prochain. Le président du parti expliquait cette option au lendemain de son adoption par le conseil consultatif national début novembre dernier, par le fait qu'«il n'y a pas d'autre idée, d'autre vision», estimant que «la politique de la chaise vide est contreproductive et ferait le jeu du pouvoir». Pour Abderezzak Mokri, «le pouvoir escomptait, via la loi portant régime électoral, le boycott de l'opposition», mettant la transparence de ces élections sur la «seule responsabilité du pouvoir». Des élections qui, en cas de leur régularité, constitueront, selon lui, un «nouveau départ pour protéger le pays et son avenir». M. K. MPA : la 2e place en ligne de mire Au Mouvement populaire algérien (MPA), l'ambition est grande à l'occasion de ces élections législatives du printemps prochain. Et le président du parti ne dissimule, d'ailleurs, point ses velléités de jouer dans la cour des grands en disputant tout simplement le leadership au duo FLN-RND. Amara Benyounès a affirmé, au lendemain du premier congrès ordinaire du parti tenu il y a une dizaine de jours, qu'il escomptait devenir la «deuxième force et pourquoi pas la première force politique du pays». Ce n'est pas une exagération, nous avons les possibilités et je connais parfaitement le parti mais surtout l'Algérie profonde», a-t-il, en effet, expliqué, appelant à une campagne électorale «propre et sereine lors de laquelle il sera question pour chacun des concurrents d'émettre ses idées, ses propositions et d'aller à la rencontre des citoyens», à «élever le niveau politique» et à «placer l'intérêt du pays au-dessus de toute autre considération». M. K. Une première pour TAJ Au Tajamou Amel Jazaïr (TAJ) pour lequel les élections législatives prochaines constituent le tout premier scrutin, on ne compte pas faire dans la figuration même si le parti n'a qu'un peu plus de trois ans d'existence. Ceci même si son président avoue le contexte «difficile dans lequel interviendront ces joutes électorales». Et comme preuve de cette disponibilité de cette formation née des entrailles du MSP mais dont son fondateur Amar Ghoul veut faire un «parti incolore et inodore idéologiquement», lui qui estime que l'ère des idéologies est révolue» comme il le ressasse à satiété, TAJ se présentera dans toutes les circonscriptions électorales, la contrainte des paraphes des électeurs pour valider les listes des candidatures «n'en est pas une», s'enorgueillit-on au TAJ. M. K. Course contre la montre au FLN Au FLN, l'enjeu des prochaines élections est de conforter la position de première force politique dans le pays. Ce pourquoi, d'ailleurs, le nouveau secrétaire général du parti s'attelle. Djamel Ould Abbès a, en effet, et aussitôt pris ses fonctions, engagé une véritable course contre la montre, ouvrant, ainsi, plusieurs chantiers. D'abord, il fallait «recoller les morceaux» en ouvrant les portes du parti aux divers et nombreux cadres ayant pris leurs distances ces derniers temps. Ensuite en s'attaquant, depuis peu, au laborieux chantier de la restructuration organique du parti. «Je ne vous cache pas, j'avoue que cette phase est difficile», a reconnu Ould Abbès, samedi, en marge d'une réunion qu'il a présidée au siège du Sénat avec le groupe parlementaire du FLN. Et d'ajouter avoir «trouvé une situation difficile, beaucoup de lacunes aussi mais j'ai grand espoir de régler ces problèmes», avec, par exemple, «dans l'une des wilayas, les trois mouhafedhs que j'ai reçus ne se parlent même pas». M. K. Sérénité au RND Au RND, la seconde force politique du pays, on compte se présenter en force aux prochains élections législatives. Ceci indépendamment de la fronde que continuent à animer des cadres et autres militants en disgrâce avec la direction du parti. En effet, c'est la sérénité qui règne au sein du parti que dirige de main de maître Ahmed Ouyahia, avec, notamment, la poursuite du renforcement de sa base avec de nouveaux adhérents enregistrés. ILS BOYCOTTENT Jil Jadid : «ces élections pérenniseront le système en place» Seul à faire, du moins, pour le moment, fausse route, en décidant de boycotter les prochaines élections législatives, Jil Jadid. Pour le président du parti, «toute participation serait une caution humiliante à un pouvoir qui affiche clairement sa volonté de maintenir sa politique de distribution de quotas et de recourir aux mêmes méthodes antidémocratiques». Pour Soufiane Djillali, «le pouvoir n'a fait aucune concession, en rejetant notamment l'idée d'une commission indépendante de surveillance des élections dans les termes suggérés par l'opposition», trouvant même «absurde» l'ambivalence de ses pairs de l'opposition, car, considère-t-il, «ces partis participationnistes ne feront que légitimer des élections qui ne feront que pérenniser le système en place». M. K. ILS SONT EN ATTENTE Parti des Avant-gardes des libertés : «ces élections prolongeront la crise» Des partis qui ne se sont pas encore déterminés par rapport à ces élections législatives du printemps prochain, le parti des Avant-gardes des libertés. Ceci même si tout plaide pour que ce parti boycotte cette échéance électorale à se fier seulement aux sorties de son président, dont notamment la toute dernière. Pour Ali Benflis, qui s'exprimait mardi dernier dans une conférence de presse, ce scrutin est «sans enjeu et sans surprise» et ne fera que «prolonger» la crise dans laquelle patauge le pays. Un scrutin qui ne faillira pas à sa tradition en faisant porter à ce scrutin «la marque infamante de la tricherie politique et de la fraude électorale» à travers les deux lois organiques sur le régime électoral et sur l'Instance de surveillance des élections» qui, selon Benflis, «effaceront définitivement de nos esprits les ultimes illusions» quant à des élections transparentes et régulières comme ne cesse de le réclamer l'opposition. Deux lois qui «n'ont rien fait d'autre que de venir aménager deux pépinières luxuriantes pour la poursuite de la tricherie politique et de la fraude électorale», a soutenu encore le président du parti des Avant-gardes des libertés. PT : «il y a plus urgent que les élections» Au Parti des travailleurs (PT), on estime qu'on «ne peut avoir de priorité autre que de la majorité du peuple». Avec, dira un membre de la direction nationale du parti, une «actualité politique intense, des sujets qui inquiètent, notamment les menaces internes sur l'Etat et sa souveraineté de décision, son orientation économique». Pour Youcef Taâzibt, les préoccupations citoyennes sont «loin de constituer les prochaines élections législatives» qui sont, à ses yeux, une «diversion pour détourner l'attention de l'opinion publique des véritables enjeux». Ceci dit, notre interlocuteur soutient qu'au PT, «les élections sont une question interne qui reste tactique même si nous savons que des élections peuvent avoir une portée stratégique». Des élections qui exigent, ajoute Taâzibt, un climat d'apaisement, appelant le gouvernement à faire preuve de discernement et que le président de la République ordonne l'arrêt de la descente aux enfers».