Pour le président de l'Association des exportateurs algériens, l'internalisation des entreprises algériennes est aujourd'hui une «nécessité absolue». Une nécessité qui, précise-t-il, impose l'aval de la Banque d'Algérie. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - «Les entreprises algériennes ayant des possibilités pour l'exportation ne doivent pas rester statiques. Seulement, la Banque d'Algérie doit les autoriser à s'installer à l'étranger. C'est impératif», affirme Ali Bey Nasri. Intervenant hier sur les ondes de la radio chaîne 3, il estime que l'internalisation de l'entreprise algérienne est désormais, une «nécessité absolue». «Nous ne pourrons pas développer les exportations si nous restons chez nous», dit-il. Et de poursuivre : «Peut-être que la décision ne revient pas à la Banque d'Algérie. Nous demandons alors à ceux qui ont le pouvoir de décider dans ce sens, de nous libérer et de nous donner les outils nécessaires.» Le président de l'Association des exportateurs algériens assure qu'actuellement, il y a un engouement vers l'exportation notamment chez les jeunes investisseurs. «C'est positif», dit-il encore. Pour la mise en place d'une visibilité à l'international, il suggère la mise en place d'un outil de pilotage pour le commerce extérieur. «Il est impératif de se doter d'un comité, d'un secrétariat d'Etat ou d'un ministère délégué qui sera dédié au commerce extérieur. Aujourd'hui, nous avons besoin d'avoir une idée précise du commerce extérieur», détaille-t-il. Réduction des importations, un défi pour le gouvernement Réduire les importations à 35 milliards de dollars est pour l'invité de l'émission, un défi pour le gouvernement notamment, pour le ministère du Commerce. «Descendre à 35 milliards de dollars, c'est peut-être possible mais en tout état de cause, c'est un défi que le gouvernement doit relever», dit-il. Mais pourquoi justement s'agit-il d'un défi ? «Il y a des incontournables tels que les équipements et les intrants pour la production nationale», explique Ali Bey Nasri. Selon lui, une somme de 30 milliards de dollars est versée sur l'outil de production, sans pour autant oublier le post-alimentaire qui est de l'ordre de 5 milliards de dollars ainsi que la matière première notamment les intrants. «Il y a un incompressible de l'ordre de 38 milliards de dollars», précise-t-il encore. S'agissant de la régulation du déficit de la balance commerciale, le président de l'Association des exportateurs algériens assure que la mise en place des licences d'importation et la réduction des importations constituent une décision «rapide» et «facile». «Trouver le moyen d'aller vers l'augmentation des exportations, comment produire davantage en Algérie et comment augmenter la productivité, sont plutôt la voie à emprunter». Selon lui aujourd'hui, seul le levier de réduire les importations a été actionné. Il estime qu'il est temps pour actionner l'autre levier, celui d'augmenter les recettes et de réduire les «vulnérabilités» internes et externe de l'Algérie. «Il faut aller vers l'augmentation de la production nationale et surtout vers l'augmentation de l'intégration en Algérie», insiste-t-il. Pour ce faire, l'intervenant plaide pour un dialogue avec les acteurs économiques. «Jusqu'à quand l'Etat va jouer le rôle d'acteur économique ?», s'interroge-t-il. Pour lui, réguler le marché par des décisions administratives n'est plus suffisant. Il appelle ainsi à consulter les gens qui sont sur le terrain, les acteurs économiques et les entrepreneurs et de «laisser le marché décider de lui-même de ce qu'il faut importer ou pas et encourager l'investissement». L'Algérie, poursuit-il, «a les capacités pour augmenter la production nationale mais c'est une question de vision et de stratégie et surtout de rapprochement et de concertation avec les entreprises concernées».