La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, voit dans la nomination de Abdelmoumen Ould Kaddour à la tête de Sonatrach une ingérence inquiétante dans les affaires du pays et le signe que la décision en Algérie échappe désormais totalement au pouvoir en place. Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - A l'ouverture hier du plénum du parti, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, s'est interrogée sur la réhabilitation extrajudiciaire de l'ancien P-dg de BRC Abdelmoumen Ould Kaddour qui vient d'être nommé à la tête du Sonatrach, une nomination qu'elle a qualifiée de «dérive effrayante». «La question qui revient avec insistance est de savoir si cette nomination relève d'une décision algérienne ! En tout cas, au PT, nous sommes sûrs qu'elle est décidée à l'étranger. Parce que cela ne sert ni Sonatrach, ni l'Etat et encore moins notre sécurité en tant qu'Algériens. C'est plutôt une lourde provocation», a-t-elle asséné. Et de se demander : «Quel est le message que porte cette nomination au peuple algérien ? Que prépare-t-elle ? La réactivation de la loi Khelil sur les hydrocarbures ? La remise en cause des nationalisations ?». En effet, Louisa Hanoune a déclaré que «Ould Kaddour a été condamné pour divulgation de secrets d'Etat et il n'a même pas fait appel après sa condamnation». «Ce qui est en soi, a-t-elle ajouté, un aveu de culpabilité». «S'il y a lieu de le réhabiliter, c'est à la justice de le faire. Ce qui se passe est, on ne peut plus, horrible ! Nous avons l'impression que les institutions de l'Etat n'ont plus la capacité de résister au chantage étranger et que l'Algérie a totalement perdu sa souveraineté», a-t-elle dénoncé. Louisa Hanoune ne s'est pas limitée au cas de Ould Kaddour pour illustrer ce qu'elle a qualifié de «mise sous tutelle du pays». Elle a énuméré d'autres «signes qui indiquent que l'Etat est en danger». D'abord la toute dernière visite des représentants des institutions de Bretton Woods, la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI). «Nous ne sommes soumis à aucun programme d'ajustement structurel et à ce que nous sachions, nous sommes affranchis de leur programme destructeur en 1998 ! Que viennent-ils faire ici si ne n'est de dicter au gouvernement ce qu'il doit faire ! Puis, admettons qu'ils aient des pourparlers avec le ministre des Finances. Mais que fait, pardi, le représentant du FMI au ministère de l'Education nationale ?», s'est-elle étonnée. Et de situer la responsabilité : «La ministre de l'Education n'est pour rien parce qu'une décision pareille la dépasse». La SG du PT a également fait référence à la révision de l'Accord d'association : «Nous sommes d'accord avec le diagnostic fait par le ministère du Commerce et qui indique que cet accord est défavorable à l'Algérie. Mais, sa conclusion donne froid dans le dos : l'Algérie continuera à respecter ses engagements». Et d'ajouter : «Cela n'est pas de la responsabilité du ministre par intérim ou son défunt prédécesseur». Il convient enfin de noter que le plénum du parti, réunissant pour deux jours (hier et aujourd'hui, ndlr), au Village des artistes à Zéralda, les membres du Comité central et les responsables des wilayas et élargi exceptionnellement aux candidats têtes de liste pour les législatives, a été consacré justement aux législatives de mai prochain. A l'ordre du jour, a précisé Louisa Hanoune, l'élaboration de la stratégie de campagne électorale et les moyens à mettre en œuvre.