Les manifestations commémoratives du 37e anniversaire du Printemps amazigh, placées sous le générique «Entre fidélité et perspectives», ont été entamées hier à Tizi-Ouzou avec une rencontre à laquelle le Rassemblement pour la culture et la démocratie a convié des militants et acteurs de la première heure, Saïd Sadi, Mouloud Lounaouci, Arab Aknine, Saïd Doumane et Amar Zentar. Evidemment, le quintette de conférenciers avait tous les attributs pour capter l'attention, tellement le sujet avait de quoi susciter le propos, mais force est de reconnaître que beaucoup parmi la foule ayant totalement garni la grande salle de la maison de la culture Mouloud-Mammeri étaient là pour écouter leur ancien président du parti. Arab Aknine s'est chargé de rappeler le contexte qui a donné naissance à Avril 1980 avant de préconiser que l'on remette «le processus en ordre (...) l'histoire du pays existait avant l'arrivée de l'Islam et de la langue arabe». Saïd Doumane, quant à lui, s'est étalé sur «ce pouvoir irréformable (qui) a juré de tout entraîner dans sa chute, parce qu'un jour ou l'autre il partira». Le docteur Lounaouci, pour sa part, s'est attelé à démonter le discours triomphant né avec la nouvelle Constitution qui n'a, en fait, rien changé pour tamazight. Eu égard à la totale absence de volonté politique des tenants du pouvoir, le docteur Lounaouci a prêché pour la mobilisation citoyenne pour l'impératif de redonner vie et vigueur à la langue amazighe. Puis vint le tour de Saïd Sadi qui, lui, a surtout axé sur l'œuvre du pouvoir consistant à, d'abord, étouffer économiquement la Kabylie. «L'idée est de réduire la Kabylie à la situation de survie parce que la misère sociale empêche les populations de se battre pour leurs droits», argue l'ancien président du RCD qui citera, comme second argument de cette œuvre du pouvoir destinée à étouffer la Kabylie, la volonté de folkloriser et récupérer les repères symboliques, comme ce fut le cas lors de la récente commémoration du centenaire de la naissance de Mouloud Mammeri. «La volonté d'aliéner la population par la religion en Kabylie» obéit également à cette stratégie du pouvoir qui ne s'est pas arrêté là puisque ce dernier a recouru à la promotion de ceux qu'il a appelés «les Kabyles de service» appelés à jouer un rôle majeur dans la pollution à grande échelle de tout ce qui a trait à la région et son combat. Malgré tout, et en parallèle à des reculs dans le combat pour tamazight, comme l'absence d'un débat de qualité dans les lycées et les universités ou encore l'absence de synergie entre les militants de la cause d'ici et de l'étranger, Saïd Sadi reconnaît des acquis dont la symbolique du 20 Avril «(qui) a survécu à tout». Que faire alors pour redynamiser le combat ? Sadi dit ne rien attendre de l'Etat, le salut ne viendra que d'un véritable plan Marshall socio-économique pour la Kabylie. «Il n'y a pas besoin de l'Etat pour le développement économique et l'épanouissement culturel de la Kabylie (...) il s'agira de mettre en place tout un programme en attendant que l'Etat revienne à la disposition des citoyens.» Pour dire son optimisme, Saïd Sadi a confié que tout est possible pour peu qu'il y ait des militants, restaurer la tolérance et multiplier les débats.