Le café littéraire d'Aokas vient d'être interdit par les autorités pour la deuxième fois. L'hommage à l'écrivain Nabile Farès, prévu samedi, n'a pu en effet avoir lieu, faute d'autorisation délivrée par la daïra. Les organisateurs et membres de l'association Azday adelsan évoquent «un acharnement des autorités pour faire disparaître le café littéraire d'Aokas». Et pour cause, une rencontre en hommage au romancier Nabile Farès prévue le samedi 15 avril à la Bibliothèque municipale et animée par l'écrivaine Renia Aouadene et l'universitaire Farida Boualit a été tout bonnement interdite par les services de la daïra. Un communiqué de l'association indique que les autorités ont prétexté la proximité du lieu de la conférence avec le Centre culturel d'Aokas réquisitionné pour la tenue des meetings de la campagne électorale. Or, l'argument ne semble convaincre personne et les organisateurs précisent qu'aucun parti politique ni liste indépendante n'a encore sollicité le centre culturel. Et de dénoncer «un autre coup dur porté à la culture». Mais, décidés à ne pas plier devant une décision considérée comme arbitraire, les membres de l'association et les personnes venues assister à la rencontre, se sont regroupés dans une cafétéria du quartier pour y tenir la conférence malgré tout. Pour rappel, le 4 mars dernier, une conférence de l'anthropologue Younès Adli prévue au Centre culturel d'Aokas a été empêchée par la police malgré une autorisation délivrée par l'APC de la ville. Cet acte de censure sera le premier d'une longue liste en Kabylie où des conférences et ventes-dédicaces ont été interdites par les autorités notamment une rencontre avec Kamel Daoud annoncée le 18 mars à Bouzguène. D'aucuns voient dans ces pratiques que l'on croyait révolues un signe alarmant sur l'avenir des libertés d'expression et de création en Algérie d'autant que la littérature et le livre en général n'ont jamais attiré autant la suspicion des autorités qui semblent aujourd'hui décidées à contrôler, voire verrouiller, le champ du débat et des échanges intellectuels indépendants. En tout cas, les acteurs culturels et associatifs de Kabylie ne comptent pas l'entendre de cette oreille et tout porte à croire que ces interdictions ne font que décupler leur volonté de préserver le peu d'espaces libres qui restent à la culture et aux arts dans la région.