Plusieurs milliers de personnes ont battu le pavé, avant-hier jeudi, à Béjaïa pour célébrer le 37e anniversaire du printemps berbère d'avril 1980. Le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie ont organisé deux marches distinctes au chef-lieu de wilaya de Béjaïa. Près de trois mille manifestants ont pris part à la marche du MAK qui s'est ébranlée vers 11 heures du campus universitaire de Targa Ouzemour vers la place de la liberté de la presse Saïd-Mekbel. Durant tout le parcours de la marche, dans une ambiance riche en couleurs, les manifestants ont repris à tue-tête des slogans réclamant «l'indépendance de la Kabylie» et dénonçant «la répression ciblant les militants du MAK». La manifestation du MAK s'est déroulée dans le calme et une parfaite organisation. Une très forte mobilisation a aussi caractérisé la marche citoyenne du RCD avec comme mot d'ordre «l'officialisation effective de tamazight est un nouveau départ pour l'Algérie». Le RCD entama sa marche vers midi depuis le TRB vers la Maison de la culture. Une foule imposante a défilé aux côtés de Mohcine Belabbas et des candidats du parti à la Chambre basse après avoir inauguré dans la matinée une stèle dédiée à la mémoire de Matoub Lounès à Souk El Tenine. Tout au long du trajet, dans une ambiance de fête, arborant les emblèmes national et amazigh, les manifestants ont scandé des slogans fustigeant le pouvoir. La tension est montée, d'un cran à hauteur de la place Saïd-Mekbel où se tenait le rassemblement du MAK. Un échange très virulent de slogans a été observé entre les militants du MAK qui scandaient «Ulac l'vot Ulac» et ceux du RCD qui ripostaient «Assa azzeka, le RCD yella yella» avant de reprendre la marche vers la Maison de la culture. Une autre marche a été aussi organisée à Sidi-Aïch par le maire de Tinebdar, tête de liste «Initiative citoyenne» engagé dans la bataille des législatives à Béjaïa pour célébrer le printemps berbère et exiger l'officialisation effective de tamazight ainsi que la libération des détenus d'opinion, à leur tête, le docteur Kamel Eddine Fekhar.Le Rassemblement pour la Kabylie (RPK) a de son côté appelé à célébrer l'événement du 20 avril 1980 dans «la dignité, la diversité et dans les formes qui ont permis son émergence». «Le printemps amazigh est un rendez-vous avec la résistance face au déni identitaire, à la domination culturelle et politique», écrit le RPK. «L'Algérie officielle, pour être l'émanation de l'Algérie réelle, est appelée à reconsidérer ses fondements et admettre que la nation algérienne est multiculturelle», note dans son document le RPK qui préconise «un changement institutionnel profond de l'Etat avec la reconnaissance du statut d'autonomie pour les régions, dans lequel il reviendrait de droit aux locuteurs de l'amazighité de décider souverainement de la politique linguistique à adopter pour le développement et la sauvegarde de la langue, loin de toutes manœuvres de blocage ou d'interférences idéologiques...».