Louisa Hanoune met à profit la campagne électorale pour les élections législatives du 4 mai prochain en vue de construire un rapport de force à même de bloquer l'actuelle politique du gouvernement car, avertit-elle, si des digues ne sont pas dressées pour ce faire, ce sera la porte grandement ouverte devant le chaos pour le pays. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - C'est, d'ailleurs, sous le slogan «Assez la prédation, assez le mépris et assez le siphonnage des deniers publics» que la secrétaire générale du Parti des travailleurs sillonne les wilayas du pays bien avant l'entame de la présente campagne électorale qui boucle, aujourd'hui, son dix-septième jour. Ce qui ne saurait se matérialiser, selon elle, sans une rupture avec le système actuel qui a mené le pays à la croisée des chemins. Pour Ramdhane-Youcef Taâzibt, «il ne s'agit pas de durcir le ton ou d'être mou mais de se déterminer par rapport aux enjeux du moment», comme pour répliquer à ceux qui estiment que Hanoune a «mis de l'eau dans son vin» par rapport à ses discours de la campagne électorale lors des dernières élections présidentielles. En plus de viser le maximum de sièges parlementaires à l'occasion du scrutin législatif du 4 mai, il s'agit pour le membre du bureau politique du parti, député sortant qui brigue, soit dit en passant, une autre mandature, de construire un rapport de force à même de bloquer l'actuelle politique du gouvernement. Une politique que Hanoune n'hésite pas à qualifier de «terre brûlée» menée à travers l'adoption par la majorité parlementaire FLN-RND sortante, de lois «sauvages» et se préparant à en adopter d'autres de même acabit. «Le mécontentement social actuel ne va pas disparaître tant qu'une fausse minorité gouverne une majorité nationale. Il y a une véritable destruction sociale», ne cesse-t-elle de professer, préconisant le recouvrement de la souveraineté de la décision sociale, le rétablissement de la règle 51/49 dans les contrats de partenariat avec les étrangers, la restitution à l'Etat du droit de préemption et le respect de l'article 18 de la Constitution amendée fixant la propriété collective incessible de la nation,... Dans son élan, elle a été jusqu'à revendiquer le renvoi du Premier ministre qu'elle a, par un passé pas lointain, toujours ménagé et qui, selon elle, «brade tout et met en danger tout le monde». Hanoune, qui a dû se faire remplacer par un de ses proches collaborateurs pour animer un meeting à l'est du pays, la semaine dernière, exténuée qu'elle était, n'a également pas raté l'occasion de s'en prendre à Ould-Abbès qui éprouve un malin plaisir à mélanger FLN et Etat. Pour la secrétaire générale du PT, les propos de son homologue de l'ex-parti unique ne sont qu'une «privatisation de l'Etat, une anarchie politique», considérant que le FLN, dont la mission est terminée en 1962 à l'indépendance de l'Algérie, a confisqué le symbole de la guerre de Libération nationale. Pour Hanoune, la sortie de Ould-Abbès est un «véritable viol de l'Histoire et un charlatanisme politique», accusant dans la foulée le gouvernement, de par son silence sur ces folies du secrétaire général du FLN, de «complicités».