Adaptée du livre de Leïla Aslaoui Sans voile et sans remords, la pièce théâtrale Bahidja, écrite par Arezki Mellal et mise en scène par Ziani Cherif Ayad, a été présentée à la presse hier au TNA. Le metteur en scène présente la démarche comme une tradition théâtrale qui tend à se perdre en Algérie : «Les journalistes ont l'habitude de découvrir une pièce lors de la générale. Or, dans les années 1980 notamment, ils avaient l'occasion de voir le processus de fabrication entrer dans les coulisses, observer les détails techniques et le cheminement artistique, etc. C'est cette tradition que j'ai voulu recréer en vous conviant à ces répétitions publiques.» La pièce, telle que présentée donc à la presse, se déploie sur trois chapitres : une introduction chorégraphique conçue par El Hadi Cherifa, une lecture et une mise en espace d'un tableau scénique. Les deux comédiennes Nidal et Nesrine Belhadj ainsi que Abbas Islam et Mourad Oudjit incarnent une série de personnages emblématiques de la question traitée dans le roman, à savoir la condition précaire des droits de la femme en Algérie. Les événements se déroulent principalement durant les années 1990 avec des flash-back vers la période de la guerre de Libération. On y trouve toute la sémantique de Leïla Aslaoui : une dualité assez marquée entre la femme en tant que victime et l'homme en tant qu'oppresseur. Dans ce cas, c'est un drame familial qui se joue sur fond de secrets inavouables, de mère silencieuse et résignée et sa fille révoltée contre le double diktat de son mari et de son frère. Les dialogues sont en arabe algérien d'après une traduction du musicien Noureddine Saoudi tandis que la scénographie est signée par l'artiste plasticien Arezki Larbi. Le peu que nous avons vu de Bahidja donne déjà pour acquis le talent et la justesse des comédiens même si leur maîtrise du texte et leur coordination chorégraphique restent perfectibles. Il est à souligner également que certaines scènes n'échappent pas à la sur-dramatisation, ce qui peut paraître superflu vu que la charge émotionnelle du texte n'a pas besoin d'être ainsi accentuée. Il n'en demeure pas moins que les conditions rudimentaires de présentation de la pièce ne permettent pas une entière appréciation vu l'absence des créations lumière (signées Chaker Yahiaoui) ainsi que de la fluidité du récit, ici coupée par le passage d'un chapitre à l'autre ou par les interventions du metteur en scène et du chorégraphe. La forme définitive de ce travail encore en progression sera visible lors de la générale du spectacle qui aura lieu le 21 mai 2017.