Après la déclaration de plusieurs foyers de fièvre aphteuse, dans plusieurs wilayas du pays, la question de la disponibilité des vaccins fait polémique et les avis divergent. Mounira Amine-Seka - Alger (Le Soir) - Après l'annonce du ministère de l'Agriculture quant à l'existence de plusieurs foyers de fièvre aphteuse, celui-ci n'a plus donné d'informations concernant la disponibilité de vaccins pour combattre cette zoonose. Selon la directrice des services vétérinaires, Mme Djamila Hadj Amar, «les foyers déclarés dans lesdites wilayas ont été bien pris en charge et le protocole d'isolation, de séquestration des bêtes, ainsi que de l'interdiction de leur circulation et l'abattage, a été bien suivi». Quant aux déclarations de nouveaux foyers, «cela reste des foyers de suspicion que nous confirmons ou pas, suite aux analyses des échantillons que nous transférons aux laboratoires sous tutelle, mais également aux laboratoires de référence internationale, pour la fièvre aphteuse», rassure-t-elle, ajoutant qu'«en Algérie, comme en Afrique du Nord, les vaccins circulant sont de sérotype O et, actuellement, de sérotype A, depuis que des foyers de fièvre aphteuse ont été récemment déclarés en Tunisie. Aussi, ce qu'il faudrait savoir, c'est que l'Algérie a toujours procédé à la vaccination à travers des vaccins monovalents A ou O, contrairement aux années précédentes où le vaccin bivalent AO a été utilisé». Seulement, le Dr vétérinaire Chabane Aït El Hadj a déclaré que «les seuls vaccins disponibles, pour le moment, correspondent à l'ancien sérotype, celui apparu en 2014». Pour rappel, la propagation de toutes les zoonoses est, selon l'avis de plusieurs vétérinaires, due à la défaillance du système d'alerte. Pire, certains agriculteurs, afin de ne pas perdre des têtes de leurs cheptels, préfèrent se tourner vers l'automédication, en se rendant aux marchés noirs qui proposent des panoplies de médicaments, souvent black-listés par le ministère de tutelle. Des médicaments non autorisés, administrés aux bêtes destinées à la consommation. Ce qu'il faudrait savoir, c'est que la plupart des agriculteurs évitent la consultation vétérinaire pour faire des économies et donc, aucun temps, après l'administration du médicament, n'est respecté. L'animal devient, alors, un véritable placard de maladies aux retombées et conséquences bien plus coûteuses que les démarches à suivre pour éviter les pertes. L'association des vétérinaires praticiens privés de Constantine, lors de la célébration de la journée mondiale du vétérinaire, a affiché une liste de recommandations, rappelant que l'une des recommandations de l'OMS/OIE est de mettre en place un plan d'action national de lutte contre la résistance des bactéries aux antibiotiques, ainsi que la surveillance des infections résistantes aux antibiotiques. Pour ce faire, il faudrait réglementer et rationaliser l'usage des antibiotiques et renforcer les politiques, les programmes et la mise en œuvre des mesures de prévention et de lutte contre les infections. Aussi, les prescriptions, le développement de tests de diagnostic rapides et réalisables au cabinet du vétérinaire doivent être encadrés, afin de distinguer les infections virales, lesquelles ne nécessitent pas d'antibiotique, des infections bactériennes. Concernant la vaccination, le Manuel terrestre de l'OIE, datant de 2008, stipule que «la vaccination des animaux avec des vaccins de haute qualité est la première méthode pour contrôler de nombreuses infections animales. Dans d'autres cas, les vaccins sont utilisés en conjonction avec des programmes nationaux de contrôles ou d'éradications des maladies.». Evidemment, la livraison des antibiotiques doit se faire sous contrôle vétérinaire et toutes ces démarches pourraient être faisables, si l'Algérie était dotée de son Ordre national des vétérinaires. Seulement, la mouture de l'avant-projet de l'Ordre, dans sa version juridique, présentée le 8/12/2016, dans laquelle il est stipulé que «l'Ordre national des vétérinaires peut ester en justice», ce qui donnerait à réfléchir à toute une chaîne de malfaçons, est restée au statu quo.