Selon l'Organisation mondiale de la santé animale, OIE, la fièvre aphteuse «est une maladie grave virale du bétail, hautement contagieuse qui touche les bovins, les porcs, ainsi que les ovins, caprins et autres artiodactyles». Mounira Amine-Seka. - Alger (Le Soir) - Selon cette même source, la fièvre aphteuse reste très répandue en Afrique et au Moyen-Orient, contrairement aux pays occidentaux «qui sont indemnes actuellement», mais la maladie peut se déclarer ponctuellement «dans les zones habituellement indemnes», affirme l'OIE. Depuis les derniers cas de fièvre aphteuse, recensés en mai 2015, en Algérie, le 31 mars dernier un foyer de fièvre de sérotype A, a été détecté au sein d'un élevage de 12 bovins dont 7 malades, au nord du pays, selon la plateforme d'épidémiosurveillance ESA. Samedi, quatre foyers ont été recensés, dans les wilayas de Médéa, Relizane, Bordj-Bou-Arréridj et Sétif. Comment l'Algérie n'a pas eu vent de l'existence de foyers de fièvre aphteuse, dans les pays voisins, au vu de ses 6 343 kilomètres de frontières terrestres et le phénomène de la contrebande qu'elle n'a de cesse de combattre, mais qui perdure. L'Algérie est membre de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), laquelle, «afin d'optimiser l'efficacité et la rapidité des échanges d'informations zoosanitaires, entre ses pays membres, plus particulièrement, lors de situations d'urgence, a mis en place la liste de diffusion électronique, à l'attention des délégués de ces pays membres et organisations internationales en charge de la santé animale ou de la santé publique», peut-on lire sur son site web. Cette liste a été ouverte, depuis 2002, «à toute personne ou institution désireuse de recevoir une information presque en temps réel sur les évènements épidémiologiques significatifs à la santé animale, sous la forme de messages d'alerte, notifiés par les pays membres de l'OIE, ainsi que la parution des informations sanitaires hebdomadaires. Des milliers de parties prenantes de secteurs très variés, sont également inclus dans cette liste [...] les rapports de suivi sont aussi disponibles pour les abonnés à la liste de diffusion OIE-Info qui y seraient intéressés». Selon Abdeslam Chelghoum, «le nombre de foyers confirmés est de quatre. On a des suspicions sur l'existence d'autres cas. On a pris des échantillons qu'on a envoyés au laboratoire». et ajoute que «les services vétérinaires ont procédé à l'abattage des animaux contaminés». ESA rapporte également qu'«une campagne nationale de vaccination contre la fièvre aphteuse a été lancée, compte tenu de sa présence dans la région, et des dispositions sont en cours pour faire face à l'apparition du nouveau sérotype A dans le pays (vaccins non disponibles pour l'heure)». Il faut souligner que cette maladie qui doit être obligatoirement signalée et déclarée, via les différentes administrations affiliées au ministère de tutelle, ne l'est pas toujours. L'inconscience de certains éleveurs qui, le plus souvent, ont recours aux médicaments contrefaits, à celle du vétérinaire indigne de cette profession et insoumis à aucune réglementation ni sanction, puisque pas d'organisation dans ce métier. En résumé, l'Algérie ne dispose pas d'un code d'éthique et de déontologie, et pour cause, l'Algérie est l'un des rares pays au monde à ne pas doter la profession de vétérinaire de son Ordre national, alors que la fonction du vétérinaire a un impact direct sur la santé animale, humaine et environnementale. De ce fait, l'implication du vétérinaire dans la sécurité et l'indépendance alimentaire n'est plus à prouver. Quand bien même la campagne de vaccination sera entamée demain, d'après le ministre de l'Agriculture qui a déclaré qu'«A partir de cette confirmation (de la maladie), nous avons entamé les démarches pour acquérir des vaccins et entamer la campagne de vaccination dans les 48 heures qui suivent», et d'ajouter que «jusqu'à présent, on ne pouvait pas acquérir ces vaccins parce qu'on n'était pas sûr du type de cette fièvre». Le Soir d'Algérie a contacté Mme Zakia Djitli, secrétaire générale du syndicat des vétérinaires et chargée de la communication qui a déclaré que «la vaccination du cheptel n'est pas une solution radicale à l'épidémie, la véritable solution et la plus efficace et surtout économique est celle de la prévention. Il ne faut pas omettre que la fièvre aphteuse ne touche pas uniquement le bovin, mais également les ovins, les caprins et les camelins, même si les symptômes sont plus apparents chez les bovins que chez les autres espèces. Le danger qu'encourent tous les cheptels est réel», pour rappel, pour l'unique espèce de bovins, l'Algérie compte deux millions de têtes et la contamination pourrait afficher de grands chiffres dans les bilans des pertes. D'après le rapport de l'OIE, le virus de ces quatre foyers s'apparente à celui retrouvé au Nigeria, en 2015. En plus de la prévention, les vétérinaires contactés déplorent le manque de moyens de diagnostic, soulignant que les laboratoires de référence existant demeurent insuffisants et que l'Algérie est toujours tributaire des laboratoires étrangers. Pour revenir sur les foyers de la fièvre aphteuse, après l'enquête menée par le ministère de l'Agriculture, achevée samedi, ce type de fièvre aphteuse, très dangereux, survient suite à l'importation de vaches depuis le Niger. Le Soir d'Algérie a tenté, à plusieurs reprises, de contacter la directrice des services vétérinaires, Mme Djamila Hadj Amar, pour savoir les dispositions prises par la tutelle dans la conjoncture actuelle des choses, mais, malheureusement, aucune réponse au bout du fil.